‘Le vent’

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

‘Le vent’

Il n’est rien ici-bas qui vaille qu’on s’arrête
Et c’est pourquoi je suis le vent dans les déserts
Et le vent dans ton cœur et le vent dans ta tête.

Eugène Fromentin – Vent de tempête au Sahara

Le vent

Poème de Oscar Milosz (1877-1939) – ‘Éléments‘ in ‘Poésies‘ (Ed. André Silvaire)

Lire, voir, écouter . . . !

Madame, jamais sans votre ombrelle !…

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La passante d’été

Vois-tu venir sur le chemin la lente, l’heureuse,
celle que l’on envie, la promeneuse ?
Au tournant de la route il faudrait qu’elle soit
saluée par de beaux messieurs d’autrefois.

Sous son ombrelle, avec une grâce passive,
elle exploite la tendre alternative :
s’effaçant un instant à la trop brusque lumière,
elle ramène l’ombre dont elle s’éclaire.

Rainer Maria Rilke   (Vergers)

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A la pointe… du pinceau, de l’épée et du pied

De la pointe du pinceau à la pointe du pied, en passant, sulfureux Caravaggio oblige, par la pointe de l’épée.

Le pinceau

En abreuvant Michelangelo Merisi da Caravaggio de prestigieuses commandes, les puissants mécènes fort cultivés du début du XVIIème siècle, ouvraient grand les portes de la postérité à celui qui allait devenir l’incontestable maître du « clair-obscur » et de la représentation des ténèbres pour bien des artistes peintres qui lui succédèrent. Il reste pour nous tous, aujourd’hui, Le Caravage dont les œuvres d’un puissant réalisme font à la fois la fierté de tous les lieux qui peuvent exposer une de ses toiles, et le régal de nos sens quand nos regards la rencontrent.

Est-il plus doux plaisir que de lever sa coupe avec « Bacchus » ?

Caravaggio - Bacchus

Caravaggio – Bacchus – 1594 (Florence – Galerie des Offices)

De veiller, admiratif et recueilli, au repos de l’ « Amour endormi » ?

Caravaggio - Amour endormi

Caravaggio – Amour endormi – 1608 (Florence – Palais Pitti)

De tressaillir d’effroi et de fascination devant David vainqueur surgissant de l’ombre, la lame de l’épée encore chaude dans une main et brandissant de l’autre la tête tranchée de son ennemi Goliath ?

Caravaggio - David avec la tête de Goliath

Caravaggio – David avec la tête de Goliath – 1606 (Rome – Galerie Borghese)

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L’épée

Symbole d’un rang qui ne l’autorisait pas à la porter, si présente dans ses tableaux, et dans sa vie, cette épée, qu’il maniait avec succès et trop souvent, a mis Caravaggio dans de terribles situations tant vis à vis de ses mécènes que de ses juges. L’usage mortel qu’il en fit obligea le bretteur à fuir Rome pour échapper aux lourdes condamnations qui le sanctionnaient, sans qu’il pût jamais y revenir, même armé d’un pinceau. Si celui-ci faisait la lumière de sa gloire, celle-là, étrange symétrie entre l’œuvre et la vie, assombrissait le malheur de sa trop courte existence.

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Le pied

C’est par la pointe de son pied que le danseur conserve avec la terre un infinitésimal contact qui le relie à l’histoire. C’est donc par cette troisième pointe d’un triangle qui fermerait ainsi l’espace scénique d’un étrange théâtre où se jouerait en un souffle de beauté la biographie d’un génie, que le chorégraphe Mauro Bigonzetti fait entrer en scène le Staatsballet Berlin en 2008.

Par la chorégraphie de ce ballet en deux actes, il tient autant à rendre hommage à l’artiste Caravaggio qu’il admire, qu’à présenter le drame humain qui le traverse. Les soli, les pas de deux, de trois, ou les ensembles offrent tous au spectateur, parfois peut-être décontenancé, et la face enjouée du génie et les stigmates du crime.

Polina Semionova et Vladimir Malakhov

Fascinant tableau de chair ! Troublante prière à la pointe du cœur !

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Le Caravage - Martyr de St Mathieu

Le Caravage – Martyr de St Matthieu – 1600 (Rome – Église Saint-Louis-des-Français)

La nuit 16 – Au clair de la lune

John Atkinson Grimshaw - Battersea Bridge

John Atkinson Grimshaw – Battersea Bridge

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La Lune, qui est le caprice même, regarda par la fenêtre pendant que tu dormais dans ton berceau, et se dit :  » Cette enfant me plaît.  »
Et elle descendit moelleusement son escalier de nuages et passa sans bruit à travers les vitres. Puis elle s’étendit sur toi avec la tendresse souple d’une mère, et elle déposa ses couleurs sur ta face. Tes prunelles en sont restées vertes, et tes joues extraordinairement pâles. C’est en contemplant cette visiteuse que tes yeux se sont si bizarrement agrandis ; et elle t’a si tendrement serrée à la gorge que tu en as gardé pour toujours l’envie de pleurer.
Cependant, dans l’expansion de sa joie, la Lune remplissait toute la chambre comme une atmosphère phosphorique, comme un poison lumineux ; et toute cette lumière vivante pensait et disait :  » Tu subiras éternellement l’influence de mon baiser. Tu seras belle à ma manière. Tu aimeras ce que j’aime et ce qui m’aime : l’eau, les nuages, le silence et la nuit ; la mer immense et verte ; l’eau uniforme et multiforme ; le lieu où tu ne seras pas ; l’amant que tu ne connaîtras pas ; les fleurs monstrueuses ; les parfums qui font délirer ; les chats qui se pâment sur les pianos et qui gémissent comme les femmes, d’une voix rauque et douce!
 » Et tu seras aimée de mes amants, courtisée par mes courtisans. Tu seras la reine des hommes aux yeux verts dont j’ai serré aussi la gorge dans mes caresses nocturnes ; de ceux-là qui aiment la mer, la mer immense, tumultueuse et verte, l’eau informe et multiforme, le lieu où ils ne sont pas, la femme qu’ils ne connaissent pas, les fleurs sinistres qui ressemblent aux encensoirs d’une religion inconnue, les parfums qui troublent la volonté, et les animaux sauvages et voluptueux qui sont les emblèmes de leur folie. « 

Et c’est pour cela, maudite chère enfant gâtée, que je suis maintenant couché à tes pieds, cherchant dans toute ta personne le reflet de la redoutable Divinité, de la fatidique marraine, de la nourrice empoisonneuse de tous les lunatiques.

Charles Baudelaire

( » Le spleen de Paris «  repris en 1864 sous le titre  » Petits poèmes en prose «  )

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John Atkinson Grimshaw (Leeds 1836 – Leeds 1893) :

Le peintre de la Lune

La nuit 9 – Dormeuse

Michel-Ange - La Notte (Église San Lorenzo, Florence)

Michel-Ange – La Notte (Église San Lorenzo, Florence)

La dormeuse

Quels secrets dans son cœur brûle ma jeune amie,
Âme par le doux masque aspirant une fleur?
De quels vains aliments sa naïve chaleur
Fait ce rayonnement d’une femme endormie?

Souffle, songes, silence, invincible accalmie,
Tu triomphes, ô paix plus puissante qu’un pleur,
Quand de ce plein sommeil l’onde grave et l’ampleur
Conspirent sur le sein d’une telle ennemie.

Dormeuse, amas doré d’ombres et d’abandons,
Ton repos redoutable est chargé de tels dons,
O biche avec langueur longue auprès d’une grappe,

Que malgré l’âme absente, occupée aux enfers,
Ta forme au ventre pur qu’un bras fluide drape,
Veille ; ta forme veille, et mes yeux sont ouverts.

Paul Valéry

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La nuit 7 – Le vœu des amants

La nuit

Nuit sainte, les amants ne vous ont pas connue
Autant que les époux. C’est le mystique espoir
De ceux qui tristement s’aiment de l’aube au soir,
D’être ensemble enlacés sous votre sombre nue.

Comme un plus ténébreux et profond sacrement,
Ils convoitent cette heure interdite et secrète
Où l’animale ardeur s’avive et puis s’arrête
Dans un universel et long apaisement.

C’est le vœu le plus pur de ces pauvres complices
Dont la tendre unité ne doit pas s’avouer,
De surprendre parfois votre austère justice,
Et d’endormir parmi votre ombre protectrice
Leur amour somptueux, humble et désapprouvé…

Anna de Noailles  (Recueil : « Les forces éternelles » – 1920)

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Portraits de l’Omo

Non! Trop facile! Vous ne tomberez pas dans ma provocation d’étudiant attardé, vous ne ferez pas de mauvais jeu de mot, influencé par les chaleurs (politiques seulement) de l’actualité.

Peut-être accepterez-vous plutôt de m’accompagner un moment, loin de notre pauvre réalité quotidienne – le temps d’une respiration – sous des climats plus ardents, plus durs aussi, pour rendre visite (sans les déranger) à des êtres si différents de nous et qui nous ressemblent tant. Aussi beaux que nous pouvons l’être, parfois, mais d’une autre beauté.

Ethiopie carte

Le fleuve Omo, depuis  les abords d’Addis-Abeba, jusqu’à l’immense lac Turkana, traverse le plateau éthiopien, au sud-est de ce pays. La vallée qu’il forme entre Soudan et Kenya est sans doute un des berceaux de nos tout premiers ancêtres, comme l’affirment les découvertes anthropologiques majeures faites sur ce site.

Sur ses rives huit peuples essaient de survivre, appliquant depuis des siècles les mêmes méthodes traditionnelles. Pasteurs semi-nomades, ils cultivent le sorgho et le millet, recueillent le miel des ruches, et s’abreuvent du lait des animaux sauvages, nombreux dans ses régions.

Toutes ces ethnies, s’opposant d’ailleurs les unes les autres régulièrement – preuve de leur humanité -, attachent une grande importance à l’esthétique et chacun veille à soigner son apparence, usant d’atours comme la scarification du corps ou l’insertion corporelle d’objets, le port d’étoffes colorées ou de bijoux de pacotille (confectionnés avec divers objets dont certains ne nous sont pas étrangers), ou encore la peinture corporelle élaborée avec les ingrédients extraits des nombreux minéraux environnants. Bien évidemment, l’esthétique n’est pas la seule motivation de tels agissements, la croyance prend souvent sa part d’influence.

Pendant plusieurs années, le photographe Hans Silvester a parcouru cette région, participant au programme d’aide aux populations indigènes menacées, et a capté la beauté de ces êtres simples, habitants de cette vallée, en une série de portraits touchants, émouvants.

En voici une diaporama choisie dans la large offre du web :

Sous les splendides maquillages de ces visages que jamais un sourire ne traverse, les regards semblent tristes, mélancoliques. Peut-être la conséquence de la légitime crainte que chacun là-bas pourrait ressentir de la disparition programmée de sa famille. Le prédateur est en marche au nom du « Progrès », qui veut édifier à cet endroit un immense barrage hydroélectrique qui transformera totalement la région : l’homme.

Celui-là même que nous rencontrons chaque jour, dans le bus, en photo sur les pages politiques ou économiques de notre quotidien, au fond du miroir de notre salle de bains peut-être. Celui qui veut, pour accroître sa vaine domination du monde, occuper une place misérable et cependant enchantée au prix bien modique, hélas, de la mort de son frère.

Naïfs, pensez-vous! Et si les « Hommes » c’étaient eux? Ceux dont il faudra bientôt dire aussi, comme Jean Raspail l’écrivait à propos des Alakalufs de la Terre de Feu : « Qui se souvient des Hommes? »

Le héros de cette tragédie, Lafko, après avoir été bafoué et balloté dans le monde »civilisé » des explorateurs qui l’ont « prélevé » au milieu des siens comme on arrache à la colline un échantillon de basalte, est enfin de retour sur les rives désolées de son bout du monde, à la pointe extrême des Amériques, au sud. – Encore quelques mots à lire pour terminer le livre mais pas l’histoire. –  Il est seul. Une voix lui parle :

« Te voilà. Sois le bienvenu chez toi, Lafko. C’est vrai que tu est petit et laid, que tu as l’intelligence misérable, que tu sens mauvais, que tu es sale.

« Mais vois comme tu me ressembles… » (Jean Raspail – « Qui se souvient des Hommes? » – Ed. Robert Laffont)

♣♣♣

Pour en savoir plus ou pour agir : SURVIVAL

A une muse folle

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A une muse folle

Théodore de Banville – Janvier 1842.

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Allons, insoucieuse, ô ma folle compagne,
Voici que l’hiver sombre attriste la campagne,
Rentrons fouler tous deux les splendides coussins ;
C’est le moment de voir le feu briller dans l’âtre ;
La bise vient ; j’ai peur de son baiser bleuâtre
Pour la peau blanche de tes seins.

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Allons chercher tous deux la caresse frileuse.
Notre lit est couvert d’une étoffe moelleuse ;
Enroule ma pensée à tes muscles nerveux ;
Ma chère âme ! trésor de la race d’Hélène,
Verse autour de mon corps l’ambre de ton haleine
Et le manteau de tes cheveux.

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Que me fait cette glace aux brillantes arêtes,
Cette neige éternelle utile à maints poètes
Et ce vieil ouragan au blasphème hagard ?
Moi, j’aurai l’ouragan dans l’onde où tu te joues,
La glace dans ton cœur, la neige sur tes joues,
Et l’arc-en-ciel dans ton regard.

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Il faudrait n’avoir pas de bonnes chambres closes,
Pour chercher en janvier des strophes et des roses.
Les vers en ce temps-là sont de méchants fardeaux.
Si nous ne trouvons plus les roses que tu sèmes,
Au lieu d’user nos voix à chanter des poèmes,
Nous en ferons sous les rideaux.

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Tandis que la Naïade interrompt son murmure
Et que ses tristes flots lui prêtent pour armure
Leurs glaçons transparents faits de cristal ouvré,
Échevelés tous deux sur la couche défaite,
Nous puiserons les vins, pleurs du soleil en fête,
Dans un grand cratère doré.

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À nous les arbres morts luttant avec la flamme,
Les tapis variés qui réjouissent l’âme,
Et les divans, profonds à nous anéantir !
Nous nous préserverons de toute rude atteinte
Sous des voiles épais de pourpre trois fois teinte
Que signerait l’ancienne Tyr.

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À nous les lambris d’or illuminant les salles,
À nous les contes bleus des nuits orientales,
Caprices pailletés que l’on brode en fumant,
Et le loisir sans fin des molles cigarettes
Que le feu caressant pare de collerettes
Où brille un rouge diamant !

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Ainsi pour de longs jours suspendons notre lyre ;
Aimons-nous ; oublions que nous avons su lire !
Que le vieux goût romain préside à nos repas !
Apprenons à nous deux comme il est bon de vivre,
Faisons nos plus doux chants et notre plus beau livre,
Le livre que l’on n’écrit pas.

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Tressaille mollement sous la main qui te flatte.
Quand le tendre lilas, le vert et l’écarlate,
L’azur délicieux, l’ivoire aux fiers dédains,
Le jaune fleur de soufre aimé de Véronèse
Et le rose du feu qui rougit la fournaise
Éclateront sur les jardins.

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 Nous irons découvrir aussi notre Amérique !
L’Eldorado rêvé, le pays chimérique
Où l’Ondine aux yeux bleus sort du lac en songeant,
Où pour Titania la perle noire abonde,
Où près d’Hérodiade avec la fée Habonde
Chasse Diane au front d’argent !

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Mais pour l’heure qu’il est, sur nos vitres gothiques
Brillent des fleurs de givre et des lys fantastiques ;
Tu soupires des mots qui ne sont pas des chants,
Et tes beaux seins polis, plus blancs que deux étoiles,
Ont l’air, à la façon dont ils tordent leurs voiles,
De vouloir s’en aller aux champs.

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Donc, fais la révérence au lecteur qui savoure
Peut-être avec plaisir, mais non pas sans bravoure,
Tes délires de Muse et mes rêves de fou,
Et, comme en te courbant dans un adieu suprême,
Jette-lui, si tu veux, pour ton meilleur poème,
Tes bras de femme autour du cou !

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Lecture sur toile

Andre-Martin de Barros

Andre-Martin de Barros

Pendant que je rédigeais le billet précédent, « L’amour des livres », quelques images venaient m’interrompre par instant, et je me trouvais ainsi, mentalement, face à des liseurs ou des liseuses que des peintres célèbres avaient figés sur la toile. Oh! il ne m’apparut que quelques toiles seulement – sept ou huit, à la mesure de ma mémoire, et surtout de ma connaissance – et seules les plus connues d’entre elles s’imposaient, que j’avais déjà rencontrées lors d’une visite de musée, ou sur la page d’un livre que telle ou telle devait illustrer.

Je compris soudain – les évidences nous apparaissent toujours très tard – que la personne qui s’abandonne dans sa lecture devient de fait un parfait modèle pour le peintre. Fixé pour un temps assez long dans une attitude naturelle et confortable, immobile, insoucieux de ce qui l’entoure et partant ne « posant » pas, le lecteur (ou la lectrice) s’offre, proie innocente, au regard exacerbé de l’artiste. A lui alors tout le loisir de saisir avec précision la position d’un doigt, de capter l’expression d’un regard enfui vers un ailleurs inconnu, de caresser le galbe d’un bras ou d’une épaule qu’aucune tension ne contraint plus.

Curiosité aiguisée, j’entrepris donc un petit voyage internautique à la recherche de tableaux représentant liseurs ou lectrices, et je fus immédiatement emporté dans un insoupçonnable tourbillon d’œuvres sur le sujet. A toutes les époques et en tout lieu, la lecture a captivé le peintre. Pour la raison précédemment évoquée, parce que nous sommes culturellement enfants des religions du Livre, parce que la lecture est un acte aussi commun que fréquent dans notre vie, pour d’autres motifs que je ne saisis pas encore? Je ne sais.

Demeure le constat : le nombre des toiles représentant la lecture est considérable. Une formidable découverte! Et pour tant de naïve ignorance, pardon.

J’ai donc rempli mon panier, – il y a encore beaucoup à cueillir – pour mon plaisir égoïste de voyeur, bien sûr, mais aussi pour partager ces délices avec ceux qui me font l’amitié de leur visite. Certains offrent des chocolats… « J’ vous ai apporté »… des tableaux! (avec la voix de Brel, bien entendu).

Misogynes attention : les femmes qui lisent sont nombreuses. Sont-elles aussi dangereuses que le prétendent Laure Adler et Stefan Bollmann dans le récent ouvrage qu’ils publient? – Avec pour illustrer la page de couverture cette belle expression de rêverie saisie par Vittorio-Matteo Corcos.

Femmes qui lisent

Avant que de vous laisser embarquer dans les diaporamas qui vous attendent, permettez-moi encore un petit commentaire. Lecteur ou liseur?

Sans le formidable génie expressif du peintre, il n’est pas certain que la différence, sur la toile, s’affiche d’emblée. Cependant, dans la réalité de l’acte, pour celui qui aime lire, la nuance entre « lecteur » et « liseur » me paraît sensible . Quelqu’un disait qu’ « on ne peut être lecteur sans être liseur, et qu’on peut être liseur sans être lecteur », accordant ainsi au lecteur une aptitude à pénétrer le texte au delà des signes, à s’enrichir profondément de la relation à l’autre que tisse sa lecture ; le liseur se limitant plutôt à un déchiffrage plus superficiel, fonctionnel, du texte écrit. Ceci dit, évidemment, sans aucun jugement de valeur, pour le simple plaisir du jeu des mots.

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Seul (e) avec son livre (168 images) :

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Lire en compagnie (33 images) :

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De la couleur… Des couleurs!

J’ai découvert il y a seulement quelques minutes cette très belle vidéo et je ne peux me priver du plaisir de la relayer aussitôt.

C’est une superbe promenade autour des toiles du peintre expressionniste allemand du début du XXème siècle, mort en 1914 à l’âge de 27 ans : August Macke. Cette visite est tout entière placée sous le signe de la couleur, pas uniquement celle qu’utilise abondamment le peintre que son ami Franz Marc avait si justement surnommé « Monsieur Couleur » ; s’y adjoint aussi, et avec bonheur,  celle de la voix de Maria Callas chantant Puccini.

Je ne suis généralement pas grand amateur de l’usage de la couleur vive en peinture, préférant la nuance des demi-tons – comme en musique d’ailleurs -, mais je dois avouer la très intense émotion que suscitent chez moi cette peinture et son mariage réussi avec la sélection musicale.

Buvons ensemble ces nouvelles perles d’Orphée!

August Macke - Autoportrait

August Macke (1887-1914) – Autoportrait

Liens :

August Macke – Oeuvres

August Macke sur Esprits Nomades