Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

Mary – Queen of_Scots (1542-1587) par François Clouet
Rares sont les reines de nos livres d’Histoire qui pourraient se prévaloir d’un destin aussi romanesque que celui de Mary Stuart. Mais approcher la vie tragique de cette reine d’Écosse du XVIème siècle suppose inévitablement de porter une attention toute particulière à celle de sa cousine Elizabeth Ière, reine d’Angleterre, fille d’Henri VIII et d’Anne Boleyn. Voilà déjà posées les raisons, politiques et religieuses, de leur rivalité légendaire, auxquelles il faut nécessairement ajouter l’amour qu’elles nourrissent toutes les deux pour le comte de Leicester. Tous les ferments du drame sont réunis.

Gaetano Donizetti
Quelle richesse d’inspiration dramatique, pour Schiller d’abord, en 1800, qui écrit une pièce tragique autour du destin de Marie Stuart, pour Gaetano Donizetti ensuite, qui prépare, en 1834, s’appuyant sur l’œuvre de Schiller, le deuxième opéra de sa « trilogie » consacrée aux reines Tudor, « Maria Stuarda » !
Après beaucoup d’hésitations partagées entre miséricorde et calcul politique, la reine d’Angleterre, Elisabetta, a signé l’acte d’exécution de Maria, accusée de complot. Comme pour se venger, par jalousie, du comte de Leicester (Roberto) qui, profondément épris de sa rivale, ne fait aucun cas des sentiments qu’elle lui voue.
L’exécution est proche. Maria s’est confessée auprès d’un loyal ami. Elle a démenti tout complot contre Elisabetta.
L’opéra touche au paroxysme de l’émotion dans cette ultime scène qui place Maria, accompagnée de sa gouvernante, entourée par quelques fidèles éplorés et rejointe par Roberto, au pied de l’échafaud.
Elle exhorte, elle implore, elle pardonne. Dans la pureté lumineuse d’un ultime aria en direction de Roberto, Maria rend grâce à son amant de son fidèle soutien et implore le pardon du Ciel pour l’Angleterre indigne qui la condamne.
Dans sa tunique rouge, symbole du martyre catholique, elle monte tremblante mais fière vers son bourreau.

Joyce DiDonato (mezzo) – Maria Stuarda
Quelle merveilleuse idée de la part du Metropdolitan Opera d’avoir confié en 2013 à Joyce DiDonato, mezzo-soprano, ce rôle qu’elle incarne divinement. L’humanité de l’actrice et sa crédibilité, rivalisent avec la richesse vocale et la pureté du timbre de la diva d’exception. Si, comme le vin, l’opéra a ses grands crus, cette version de « Maria Stuarda » mérite très largement la dégustation.