Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :
« Le désir de peindre »
‘Je brûle de peindre celle qui m’est apparue si rarement et qui a fui si vite…’
Charles Baudelaire
Charles Baudelaire
Fado couleur Brésil…
Même quand nous dormons nous veillons l’un sur l’autre
Et cet amour plus lourd que le fruit mûr d’un lac
Sans rire et sans pleurer dure depuis toujours
Un jour après un jour une nuit après nous.
Paul Eluard – « Le dur désir de durer »
Just for the fun!
Pour une semaine chargée d’ardeur, de bonne humeur,
avec des projets plein la tête,
des désirs à pousser les plafonds vers le ciel,
des envies à faire déborder la hotte du Père Noël.
Pour embrasser tous ceux qu’on aime,
pour aimer ceux qu’on n’embrasse pas.
Pour être heureux ou pour y croire.
Pour vivre un peu, le temps qui reste…
avant qu’on referme la boîte.
Vous-souvenez vous de Manon? Manon Lescaut, la charmante héroïne de l’Abbé Prévôt, celle-là même qui a séduit le compositeur Jules Massenet au point qu’il lui aura consacré un opéra et un ballet.
Il y a peu nous la regardions, émus, danser ses derniers instants dans les bras de son amoureux, le chevalier Des Grieux. Sylvie Guillem lui avait prêté ses chaussons.
Avant d’entreprendre son fatal voyage vers la Louisiane avec son malheureux amant, elle brillait des mille éclats de ses charmes et de sa grâce dans les salons parisiens de Madame, où la vertu des demoiselles comptait parmi les plus grandes raretés. Tous les hommes la convoitaient – comme on les comprend – au grand dam de Des Grieux rongé par la jalousie.
Nous l’avons aimée mourante, comment ne l’aimerions-nous pas vivante, o combien vivante!
« L’histoire de Manon », d’où est tiré cet extrait, est le ballet écrit par le chorégraphe britannique Kenneth Macmillan – mort en 1992 – sur un panachage de musiques de Massenet, arrangées et ré-orchestrées.
A l’acte II, Manon arrive à la soirée donnée par Monsieur G.M. Elle est terriblement partagée entre la richesse de son hôte et son amour pour Des Grieux. Toute dédiée à l’irrésistible envie de se laisser admirer et désirer, elle néglige les insistances de son amant l’invitant à le suivre. Et passant, un peu grisée sans doute, de bras d’hommes en bras d’hommes, elle préfère, Narcisse se reflétant sensuellement dans le désir de ses cavaliers, se délecter de son évident pouvoir de séduction auquel d’ailleurs nous ne saurions échapper.
Belle Manon! – Merveilleuse Sylvie!
♥
Pour donner un écho français à la présentation de cette vidéo par Gramilano à qui l’on doit sa diffusion (Qu’il en soit remercié!) :
Après avoir rangé ses chaussons de danse classique et avoir consacré sa nouvelle carrière à la danse contemporaine, Sylvie Guillem, en 2011, a créé l’évènement dans le monde du ballet, en acceptant de revenir à l’interprétation d’un de ses rôles les plus fameux, Manon.
Le pari était fort osé, la ballerine étant âgée (qu’elle me pardonne de donner son âge) de 46 ans. Les trois représentations données à La Scala de Milan furent un triomphe.
♥
Cette vidéo en est un témoignage délectable.
Et j’ose croire, Messieurs, que vous ne refuseriez pas un rôle de porteur…
Théodore de Banville – Janvier 1842.
Allons, insoucieuse, ô ma folle compagne,
Voici que l’hiver sombre attriste la campagne,
Rentrons fouler tous deux les splendides coussins ;
C’est le moment de voir le feu briller dans l’âtre ;
La bise vient ; j’ai peur de son baiser bleuâtre
Pour la peau blanche de tes seins.
Allons chercher tous deux la caresse frileuse.
Notre lit est couvert d’une étoffe moelleuse ;
Enroule ma pensée à tes muscles nerveux ;
Ma chère âme ! trésor de la race d’Hélène,
Verse autour de mon corps l’ambre de ton haleine
Et le manteau de tes cheveux.
Que me fait cette glace aux brillantes arêtes,
Cette neige éternelle utile à maints poètes
Et ce vieil ouragan au blasphème hagard ?
Moi, j’aurai l’ouragan dans l’onde où tu te joues,
La glace dans ton cœur, la neige sur tes joues,
Et l’arc-en-ciel dans ton regard.
Il faudrait n’avoir pas de bonnes chambres closes,
Pour chercher en janvier des strophes et des roses.
Les vers en ce temps-là sont de méchants fardeaux.
Si nous ne trouvons plus les roses que tu sèmes,
Au lieu d’user nos voix à chanter des poèmes,
Nous en ferons sous les rideaux.
Tandis que la Naïade interrompt son murmure
Et que ses tristes flots lui prêtent pour armure
Leurs glaçons transparents faits de cristal ouvré,
Échevelés tous deux sur la couche défaite,
Nous puiserons les vins, pleurs du soleil en fête,
Dans un grand cratère doré.
À nous les arbres morts luttant avec la flamme,
Les tapis variés qui réjouissent l’âme,
Et les divans, profonds à nous anéantir !
Nous nous préserverons de toute rude atteinte
Sous des voiles épais de pourpre trois fois teinte
Que signerait l’ancienne Tyr.
À nous les lambris d’or illuminant les salles,
À nous les contes bleus des nuits orientales,
Caprices pailletés que l’on brode en fumant,
Et le loisir sans fin des molles cigarettes
Que le feu caressant pare de collerettes
Où brille un rouge diamant !
Ainsi pour de longs jours suspendons notre lyre ;
Aimons-nous ; oublions que nous avons su lire !
Que le vieux goût romain préside à nos repas !
Apprenons à nous deux comme il est bon de vivre,
Faisons nos plus doux chants et notre plus beau livre,
Le livre que l’on n’écrit pas.
Tressaille mollement sous la main qui te flatte.
Quand le tendre lilas, le vert et l’écarlate,
L’azur délicieux, l’ivoire aux fiers dédains,
Le jaune fleur de soufre aimé de Véronèse
Et le rose du feu qui rougit la fournaise
Éclateront sur les jardins.
Nous irons découvrir aussi notre Amérique !
L’Eldorado rêvé, le pays chimérique
Où l’Ondine aux yeux bleus sort du lac en songeant,
Où pour Titania la perle noire abonde,
Où près d’Hérodiade avec la fée Habonde
Chasse Diane au front d’argent !
Mais pour l’heure qu’il est, sur nos vitres gothiques
Brillent des fleurs de givre et des lys fantastiques ;
Tu soupires des mots qui ne sont pas des chants,
Et tes beaux seins polis, plus blancs que deux étoiles,
Ont l’air, à la façon dont ils tordent leurs voiles,
De vouloir s’en aller aux champs.
Donc, fais la révérence au lecteur qui savoure
Peut-être avec plaisir, mais non pas sans bravoure,
Tes délires de Muse et mes rêves de fou,
Et, comme en te courbant dans un adieu suprême,
Jette-lui, si tu veux, pour ton meilleur poème,
Tes bras de femme autour du cou !
Acte V – Scène IV (dernière). Molière est en scène et mieux que personne il sait que dans un très court instant, aussitôt la dernière réplique de Philinte lancée, le rideau va tomber sur sa pièce devenue une de ses signatures, « Le Misanthrope ». Alceste, « l’atrabilaire amoureux » de la belle et coquette Célimène, vient de subir le refus de sa bienaimée de le suivre loin de cette société qu’il déteste. Il en conclut qu’elle ne l’aime pas, et décide donc de rompre :
« Allez, je vous refuse, et ce sensible outrage
de vos indignes fers pour jamais me dégage. »
Il s’apprête à fuir ce monde qui le déçoit irrémédiablement :
« Trahi de toutes parts, accablé d’injustices,
je vais sortir d’un gouffre où triomphent les vices,
et chercher sur la terre un endroit écarté
où d’être homme d’honneur on ait la liberté. »
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Mais tout ne s’arrête pas là, Le Misanthrope reviendra, et revient toujours. Depuis le « Timon ou le misanthrope » du poète latin Lucien, après le « Timon d’Athènes » de Shakespeare, et bien sûr après Molière, ce personnage bougon, ennemi du genre humain continue de traverser les siècles. Les hommes savent si bien être détestables, et de tout temps, qu’il n’est après tout pas surprenant qu’à chaque époque l’un d’eux s’octroie le droit – ou le devoir – d’exprimer le dégoût de ses contemporains. Et quand c’est un personnage de théâtre…
Ainsi « L’homme Franc » de William Wycherley en 1676, le « Philinte » de Fabre d’Églantine en 1790, qui se veut une suite à la pièce de Molière, ainsi encore « The School of Scandal » de l’irlandais Richard Sheridan en 1777, « Le misanthrope réconcilié », pièce inachevée de Schiller à la fin du XVIIIème, et au XIXème siècle, les misanthropes des comédies de Labiche et de Courteline.
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En 1992, Jacques Rampal écrit « Célimène et le Cardinal ». En alexandrins. La pièce se présente comme une suite à l’illustre « Misanthrope ». Une vingtaine d’années a passé. Nos personnages ont changé : Alceste, après le long exil volontaire qu’il s’est imposé au dernier acte est devenu cardinal, prélat puissant à l’autorité affirmée. Célimène a abandonné son statut de courtisane et s’est installée dans la vie d’une épouse bourgeoise, mère de quatre enfants. Sa nouvelle situation et sa position de femme mûre n’ont aucunement altéré les désirs de liberté et la passion de plaire de la jeune fille d’hier.
Désormais revêtu de la pourpre cardinalice, Alceste se rend chez Célimène, non sans trouble. Elle va redoubler de charme pour l’obliger à lui avouer l’amour qu’il n’a jamais cessé de nourrir à son égard.
Que vous êtes habiles, Mesdames !…
Ludmilla Mikaël et Gérard Desarthe ont créé cette pièce en 1993. Elle a été reprise de nombreuses fois depuis, avec des comédiens de grande qualité. J’avoue mon immense sympathie pour le bijou que nous délivrent les deux comédiens créateurs de la pièce, quelquefois donnée à la télévision et gravée en DVD.
Puissiez-vous vous régaler de ce petit extrait où il est question de confession. L’émotion et la drôlerie de la situation, la qualité du texte, la justesse de jeu des acteurs, le charme irrésistible de Ludmilla Mikaël, tout est réuni pour un bien agréable moment de théâtre dont on ne saurait se lasser… Et qui pourrait bien laisser entrevoir, en coulisse, un sourire satisfait de Jean-Baptiste, lui-même.
D’aucuns l’avaient prédit, certains l’avaient souhaité, le voici ce 100ème article!
Merci à tous!
Pour que ce billet ne soit pas tout à fait « comme les autres », qu’il ait quelque chose en plus pour la circonstance, il me fallait être différent. Mais comment? Faute d’idée originale je m’apprêtais, comme toujours, à vous offrir en guise de plaisir à partager, les délices des œuvres d’autres talentueux disciples d’Orphée. J’y étais résigné – bien agréablement, bien sûr – jusqu’à cet instant de l’après-midi d’hier, où j’ai lu le commentaire de Christiane à propos de l’article précédent, « Imitateur ».
Etais-je dissimulé derrière les plumes, les claviers et les pinceaux de ceux qui flattent les pages de ce blog? Serais-je, moi aussi cet « imitateur » irrité de n’avoir pu être Rimbaud, Horowitz ou Rembrandt? Certes oui! Deux fois oui! Comme j’aurais aimé être l’auteur (son nom m’échappe) de cette phrase, merveille de modestie – si l’on se donne la peine d’enjamber l’apparence : « Ma plus grande humilité : ressembler à Dieu ».
Il m’a semblé toutefois percevoir dans ce commentaire un bien amical reproche : j’y ai lu, glissé en filigrane, un vif engagement à passer le nez, à me découvrir. Et puisque j’appartiens encore à cette espèce d’humains (désormais très rares) qui se découvrent pour saluer, j’ai décidé, même si, croyez-le, l’effort m’est coûteux, de me « découvrir », en forme de remerciement. Aussi, la modeste fable « à la manière de… » que je vous propose, est-elle du cru (fort lointain) de votre serviteur, sortie des vieux dossiers qui ne doivent d’avoir été conservés qu’à la vanité de leur propriétaire.
Production personnelle certes, mais non dénuée d’emprunts. Son titre : « Le bouquetin porte-musc ».
Si la forme est une pâle imitation du maître du genre, le fond est tout droit sorti d’une parabole puisée dans les propos d’un vieux sage d’orient.
Le bouquetin porte-musc est un petit mammifère vivant solitaire dans les montagnes himalayennes. A la période du rut (en réalité dans les mois froids de l’hiver), la poche qu’il porte sur l’abdomen se remplit de musc et le sécrète en abondance, dégageant de fortes effluves. Un leurre pour le pauvre animal qui ne comprend que trop tard que c’est en soi qu’il faut chercher d’abord… Nous le savons bien, nous. N’est-ce pas?
Quand la reine est aussi charmante et qu’elle veut un baiser… qui résisterait ?
Patricia Petibon interprète Cléopâtre dans l’opéra de Antonio Sartorio, « Giulio Cesare in Egitto » (1676)
La « Reine de la nuit » est elle moins dangereuse en plein jour ?
Patricia Petibon enregistre avec le Concerto Köln sous la baguette de Daniel Harding, l’air de la Reine de la nuit, « Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen » extrait de « La flûte enchantée » de Mozart.
Est-il plus douce reine que la mère qui berce son enfant ?
Patricia Petibon, chante Salle Pleyel, « Cancion de cuna » (Chanson du berceau), de Xavier Montsalvage – éminent compositeur catalan du XXème siècle.
Baudelaire – « Petits poèmes en prose » XXXVI
Écusson musical : « Le rossignol de Saint-Saëns » (Edita Gruberova soprano)
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Portrait du Fayoum (Lien Wikipedia)
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Quelques larmes perlent sur l'âme d'Orphée : Musique - Poésie - Peinture - Sculpture - Philosophie
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