Mais vieillir… ! – 21 – Humeur

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

Mais vieillir… ! – 21 – Humeur

Franz-Xaver Messerschmidt 1736-1783

Un regard malicieux de Cioran, sans complaisance et juste, sur l’âge et la misanthropie.

Mais pas sans humour, ni mansuétude.

Délice de l’authentique !

Lire, voir, écouter . . . !

Le souffle ascendant des anges

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

Le souffle ascendant des anges

La clé de la musique de Bach : le désir d’évasion du temps.

Emil Cioran

J-S. Bach / E. Cioran

Il n’est pas indispensable de se sentir pénétré par la foi pour être aspiré par la musique de Bach. Pas plus qu’il n’était nécessaire à Cioran de se prétendre théologien pour exprimer sa mystique du vide.

Bach – Cioran ! Aucun oxymore ne me séduit autant que l’évocation de ces deux noms associés…
Il faut dire que depuis bien des années, ensemble ou séparément, ils viennent bousculer mes doutes et flatter mon désespoir – ou l’inverse… Pour mon plus grand bonheur.

Le chœur, « Ruht wohl », et le choral final, « Ach Herr, laß dein lieb’ Engeleinde » de la « Johannes Passion » de Jean-Sébastien Bach, comme un choix, aussi personnel que spontané, et durable, pour illustrer une réflexion (entre mille) de Cioran sur la musique extatique du Cantor.

Lire, voir, écouter, escalader le ciel. . . !

Extase de l’instant

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

Extase de l’instant

Ce n’est que dans la musique et dans l’amour qu’on éprouve une joie à mourir, ce spasme de volupté à sentir qu’on meurt de ne plus pouvoir supporter nos vibrations intérieures.

Emil Cioran

Mojca Erdmann – soprano

Repose calmement, mon tendre amour,
dors jusqu’à ce que ta bonne fortune s’éveille.
Tiens, je te donne mon portrait.
Vois comme il te sourit avec bienveillance !

Mozart, pour le voyage des sens…

Cioran pour le voyage intérieur…

Mojca Erdmann pour le voyage du cœur…

Embarquement pour l’extase ici. . . !

Elle viendra – 2 – « Missa in tempore belli »

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

Elle viendra – 2 – « Missa in tempore belli »

En hommage au peuple ukrainien

« La paix est un chant, la guerre est un long hurlement parmi des cris. »

Robert Sabatier – Le livre de la déraison souriante (1991)

Lea Grundig – « Mütter, Krieg droht! » –  1936

Une réflexion iconoclaste sur la relation entre foi et musique…

avec l’indispensable aide de Cioran, pour la réflexion iconoclaste,

et le génie de Haydn, pour la musique.*

*L’inverse eût été difficile

Lire, voir, écouter . . . !

Méditer dans la lumière

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

Méditer dans la lumière

« Si seulement Dieu avait fait notre monde aussi parfait que Bach a fait le sien divin ! »

Cioran – « Le livre des leurres » – 1936

Jean Sébastien Bach 
« Die Seele ruht in Jesu Händen
 » – Cantate BWV 127 

Lumière de l’ange :

Marie Louise Werneburg – Soprano

ou

Lumière du bout des doigts :

Herbert Schuch – Piano

Mais toujours lumière de l’âme !

Lire, voir, écouter . . .

 

Après un regard sur le monde…

Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :

Après un regard sur le monde…

« Dans les grandes perplexités astreins-toi à vivre comme si l’histoire était close et à réagir comme un monstre rongé par la sérénité. »

Cioran – « De l’inconvénient d’être né »

Andrew YorkHome

Lire, voir, écouter la suite . . .

La dette de Dieu : humble outrecuidance

Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :

La dette de Dieu : humble outrecuidance

« Quand vous écoutez Bach, vous voyez germer Dieu. Son œuvre est génératrice de divinité.
Après un oratorio, une cantate ou une « Passion », il faut qu’Il existe. Autrement toute l’œuvre du Cantor serait une illusion déchirante.

… Penser que tant de théologiens et de philosophes ont perdu des nuits et des jours à chercher des preuves de l’existence de Dieu, oubliant la seule… »

Cioran – « Des larmes et des Saints »

 

 

Amis croyants, parce que vous savez, chacun, que « tout chez [lui] commence par les entrailles et finit par la formule », vous me pardonnerez, j’en suis sûr, mon inaltérable proximité avec Cioran.
J’ai l’outrecuidance de ne pas croire que Dieu rembourse ses dettes. Mais, à supposer qu’il y soit soudain enclin, comment…

Lire, voir, écouter la suite . . .

D’amour ou de musique : Ne pas perdre l’instant…

« Ce n’est que dans la musique et dans l’amour qu’on éprouve une joie à mourir, ce spasme de volupté à sentir qu’on meurt de ne plus pouvoir supporter nos vibrations intérieures. Et l’on se réjouit à l’idée d’une mort subite qui nous dispenserait de survivre à ces instants. La joie de mourir, sans rapport avec l’idée et la conscience obsédante de la mort, naît dans les grandes expériences de l’unicité, où l’on sent très bien que cet état ne reviendra plus. Il n’y a de sensations uniques que dans la musique et dans l’amour ; de tout son être, on se rend compte qu’elles ne pourront plus revenir et l’on déplore de tout son cœur la vie quotidienne à laquelle on retournera. Quelle volupté admirable, à l’idée de pouvoir mourir dans de tels instants, et que, par-là, on n’a pas perdu l’instant. Car revenir à notre existence habituelle après cela est une perte infiniment plus grande que l’extinction définitive. Le regret de ne pas mourir aux sommets de l’état musical et érotique nous apprend combien nous avons à perdre en vivant. »

Emil Cioran (« Le livre des leurres » – 1936 / « Extase musicale » – Gallimard – Quarto P.115)

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« Ruhe sanft, mein holdes Leben » Zaïde (Opéra inachevé de Mozart) – Acte I

Repose calmement, mon tendre amour,
dors jusqu’à ce que ta bonne fortune s’éveille.
Tiens, je te donne mon portrait.
Vois comme il te sourit avec bienveillance !

Doux rêves, bercez son sommeil
et que ce qu’il imagine
dans ses rêves d’amour
devienne enfin réalité.

ƒƒƒƒƒ

« Pour Mozart, comme pour toute musique angélique, porter ses regards vers le bas, vers nous, est une trahison. A moins que se sentir homme soit la pire des trahisons… »

Emil Cioran (« Le livre des leurres » – 1936 / « Mozart ou la mélancolie des anges » – Gallimard – Quarto P.177)

Ophélie /6 – Couleur de noyade

« Toutes les eaux sont couleur de noyade. »   (Cioran – « Syllogismes de l’amertume »)

Aucune âme sensible qui se serait une fois seulement penchée sur le sommeil éternel de la belle Ophélie emportée par les flots, ne saurait réfuter ce constat péremptoire de Cioran ? L’aphorisme lui eût-il été contemporain, le grand Berlioz l’aurait assurément fait sien.

Hector Berlioz (1803-1869)

Hector Berlioz (1803-1869)

Très tôt admirateur du théâtre de Shakespeare, à l’instar de la plupart des artistes de la fin du XIXème siècle – romantisme oblige – Berlioz se passionna pour les héroïnes de théâtre telles que Juliette et Ophélie. L’intérêt tout particulier qu’il accorda à Ophélie ne fut sans doute pas étranger à la passion amoureuse qu’il ressentit pour celle qui l’incarnait alors à la scène, l’actrice anglaise Harriet Smithson, qu’il ne tarda pas à épouser. (Cette passion pour cette jeune actrice inspira au compositeur son inoubliable « Symphonie fantastique » : manière de dire déjà ici ce que la musique doit à Ophélie…).

Pas étonnant dès lors, que notre musicien ait souhaité, à différents moments de sa vie, rendre hommage à l’Hamlet de Shakespeare. Il composa sur ce thème trois pièces pour orchestre et chœurs qui furent regroupées en 1852 en un recueil unique, « Tristia ».

La première des trois compositions, « Méditation religieuse », est une profonde réflexion inspirée par un poème de Thomas Moore, sur « le monde [qui] n’est qu’une ombre fugitive ». La troisième, une « Marche funèbre pour la dernière scène d’Hamlet », est écrite pour un chœur sans paroles et orchestre ; son titre suffit amplement à en exprimer la thématique.

C’est avec la deuxième de ces trois pièces, « La mort d’Ophélie », que Berlioz rend un très bel hommage à la mythique jeune femme. Il met en musique pour l’occasion un poème qu’Ernest Legouvé avait écrit à partir du récit que fait de la mort d’Ophélie la reine Gertrude à l’Acte IV d’Hamlet. Cependant, avant de donner à cette composition sa forme définitive pour chœur et orchestre, Berlioz en avait réalisé une version pour soprano et piano d’une beauté romantique particulièrement émouvante.

Et, à n’en pas douter, l’émotion devait être forte chez Berlioz aussi lors de la composition de cette ballade comme en témoignent certes le ton doucereux et les tendres harmonies ondoyantes de la musique – Andante con moto quasi Allegretto –  mais comme l’affirment également les deux vers d’Ovide qu’il cite en exergue à sa partition :

                               … qui viderit illas
De lacrymis factas sentiet esse meas.
(celui qui les verra / reconnaîtra l’effet de mes larmes)

Tristia

Notre émotion est  à son comble quand Anne-Sofie von Otter chante, avec toute la délicatesse qu’on lui connaît, cette douce mélodie qui ressemble tant à celle qu’aurait pu fredonner la blanche Ophélie livrée par sa chute aux caprices du courant avant sa triste fin au fond des eaux.

Peintres, poètes et musiciens… n’est-ce pas là le moindre des cortèges que nous puissions rejoindre pour accompagner Ophélie…?

La beauté lui va si bien, même quand elle prend la triste couleur des eaux…

HD et sous-titres français disponibles en bas à droite de la vidéo

La mort d’Ophélie

Auprès d’un torrent Ophélie
cueillait, tout en suivant le bord,
dans sa douce et tendre folie,
des pervenches, des boutons d’or,
des iris aux couleurs d’opale,
et de ces fleurs d’un rose pâle
qu’on appelle des doigts de mort.

Puis, élevant sur ses mains blanches
les riants trésors du matin,
elle les suspendait aux branches,
aux branches d’un saule voisin.
Mais trop faible le rameau plie,
se brise, et la pauvre Ophélie
tombe, sa guirlande à la main.

Quelques instants sa robe enflée
la tint encor sur le courant
et, comme une voile gonflée,
elle flottait toujours chantant,
chantant quelque vieille ballade,
chantant ainsi qu’une naïade
née au milieu de ce torrent.

Mais cette étrange mélodie
passa, rapide comme un son.
Par les flots la robe alourdie
bientôt dans l’abîme profond
entraîna la pauvre insensée,
laissant à peine commencée
sa mélodieuse chanson.

Ernest Legouvé

Une pause au paradis

 » Une goutte de musique pure est un point d’éternité «   Yves Nat

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Piano : Anne Queffélec –

Alessandro Marcello : Adagio du concerto pour hautbois en Ré mineur – Transcription pour clavier J.S. Bach

∫∫∫

 » … Les chants de la tristesse cessent d’être douloureux dans cette ivresse et les larmes deviennent ardentes comme lors d’une suprême révélation mystique… Dans mon océan intérieur coulent autant de larmes que de vibrations qui ont immatérialisé mon être… L’extase musicale est un retour à l’identité, à l’originel, aux premières racines de l’existence. Il n’y a plus en elle que le rythme pur de l’existence, le courant immanent et organique de la vie. J’entends la vie. De là naissent toutes les révélations. »

Le Livre des Leurres  – Cioran