« Lorsque l’homme commence à décliner, après avoir atteint le faîte de son existence, il se débat ainsi contre la mort, les flétrissures de l’âge, contre le froid de l’univers qui s’insinue en lui, contre le froid qui pénètre son propre sang. Avec une ardeur renouvelée, il se laisse… »
Extrait de Éloge de la vieillesse – Hermann Hesse
Musique : Maurice Ravel – Quatuor à cordes en Fa majeur 2ème Mouvement – « Assez vif & très rythmé »
Quatuor Hagen – Concert hall – Mozarteum, Salzburg (2000)
Mémorial du 11/09/2001 – World Trade Center – New York
Oh, little child, see how the flowe You plucked bleeds on the iron ground; Bend down, your ears may catch its voice, A passionless low sobbing sound.
Oh, Man, put up your sword and see The brother that you dig to death; There is no hatred in his eye, No curses crackle in his breath.
Henry Treece (poète anglais – 1911-1966)
Oh, petit enfant, vois comme la fleur
Que tu cueilles saigne sur la terre de fer
Penche-toi, tes oreilles peuvent capter sa voix
Un flot de sanglots bas et sans passion
Oh, homme, relève ton épée et vois Le frère que tu as fait mourir Il n’y a pas de haine dans ses yeux Aucune malédiction n’exhale de son souffle
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No man is an island, entire of itself; every man is a piece of the continent, a part of the main. If a clod be washed away by the sea, Europe is the less, as well as if a promontory were, as well as if a manor of thy friend’s or of thine own were: any man’s death diminishes me, because I am involved in mankind, and therefore never send to know for whom the bell tolls; it tolls for thee.
John Donne – Meditation #17 ‘Devotions upon Emergent Occasions’ (1623)
« Nul homme n’est une île, un tout en soi ; chaque homme est part du continent, part du large ; si une parcelle de terre est emportée par les flots, pour l’Europe c’est une perte égale à celle d’un promontoire, autant que pour toi celle d’un manoir de tes amis ou même du tien. La mort de tout homme me diminue parce que je suis membre du genre humain. Aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : il sonne pour toi. »
Le temps est la substance dont je suis fait. Le temps est un fleuve qui m’emporte, mais je suis le fleuve ; c’est un tigre qui me déchire, mais je suis le tigre ; c’est un feu qui me consume, mais je suis ce feu.
« Nouvelle réfutation du temps » (1947)
Jorge Luis Borges (1899-1986 ). Photo by Ulf Andersen / Getty Images
Et quelques autres citations sur le temps par ce guide de génie sans qui visiter la Bibliothèque de Babel serait aussi vain que traverser le désert sans eau.
« Quant à la poésie, elle est la parole de la parole. Elle est à la pointe du langage, cette énergie qui refait notre vocabulaire et le place en situation de récréation vitale. C’est un outre-dit, une… »
Vivre est un chaos. Je pose mon pied sur mes peurs et je vais. Jean Grosjean (La rumeur des cortèges)
Jean Grosjean 1912-2006
Aucune promenade poétique ne saurait m’être pleinement profitable si elle ne croisait, à un moment ou à un autre, un regard ou une parole de Jean Grosjean.
Car le poète est un four à brûler le réel. De toutes les émotions brutes qu’il reçoit, il sort parfois un léger diamant d’une eau et d’un éclat incomparables. Voilà toute une vie comprimée dans quelques images et quelques phrases. Pierre Reverdy