‘De plus loin que la nuit…’

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

‘De plus loin que la nuit…’

« Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit… »

Auguste Raynaud,(1854 – 1937) – ‘La Nuit‘ – 1887

Des tableaux nocturnes d’artistes pas toujours très connus, et le superbe prélude de la « Suite Bergamasque » de Claude Debussy pour illustrer le merveilleux poème ‘La Nuit’ publié en 1942 par Claude Roy.

Une conversation imaginaire, sous les étoiles, entre les arts…

Hommage à la Beauté, qu’elle vienne du ciel profond ou qu’elle sorte de l’abîme... !

Prêter l’oreille, ouvrir l’œil, caresser l’âme . . . !

Elle viendra – 10 – ‘Du fond du corps’

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

Elle viendra – 10 – ‘Du fond du corps’

Eugenio De Andrade – Portugal 1923-2005

La nuit, le silence, l’insomnie… le dernier sommeil :

‘Du fond du corps’

Un poème, aussi court que dense, conformément à son habitude, de cet autre grand poète portugais qui savait si bien ce que la musique doit au silence :

« La musique qui sort de mes doigts aime le silence, et l’ambition ultime du poète est de l’intégrer dans le coin des mots ».

Écho, sans doute, à cette autre de ses observations poétiques :

J’entends courir la nuit par les sillons
Du visage – on dirait qu’elle m’appelle,
Que soudain elle me caresse,
Moi, qui ne sais même pas encore
Comment assembler les syllabes du silence
Et sur elles m’endormir.

Lire, voir, écouter . . . !

Elle viendra – 5 – « Im abendrot »*

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

Elle viendra – 5 – « Im abendrot »*

* Au soleil couchant

La musique seule peut parler de la mort

André Malraux

Splendeur parmi les splendeurs de la musique que forme la série des « Quatre derniers lieder » de Richard Strauss, « Im abendrot » (Au soleil couchant), est un hymne à la nuit qui vient. Chant serein, hommage…

Soprano : Anja Harteros
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Direction Mariss Jansons

Entendre le chant du dernier crépuscule  !

« Éteindre la lumière, chaque nuit… »

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

« Éteindre la lumière, chaque nuit… »

Chaque poème de Roberto Juarroz est une surprenante cristallisation verbale : le langage réduit à une goutte de lumière.

Octavio Paz (cité par Gil Pressnitzer)

Extrait de « Quinzième poésie verticale » de Roberto Juarroz :

Lire, écouter, voir . . . !

 

‘Élévation à la lune’

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

‘Élévation à la lune’

Alors, Elle apparut ! Hostie immense et blonde…

Paul Valéry, 1923 par Jacques-Emile Blanche,

Élévation à la lune‘ : sonnet d’un jeune provincial, Paul Valéry, publié le 15 octobre 1889 dans Le « Courrier libre ».

C’est à cette période que le poète tisse des relations épistolaires intenses avec Pierre Louÿs d’abord, puis avec André Gide. L’heure est venue pour lui d’abandonner cette part de féminité d’esprit qui, en lien avec le climat du temps, l’avait quelque peu envahi.

Lire, écouter, voir . . .

Nuit d’excès – Banalité du jour

Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :

Nuit d’excès – Banalité du jour

Trop discrète ? Trop pudique ? Intimidée sans doute ?

[…]

Bref ! Vous croyez, charmante Elvire, que votre silence, quelle qu’en soit sa raison, gardera secrets les dévergondages de votre nuit dernière entre adultes consentants.
Comme vous faites erreur ! Big Brother a les photos…!

Mieux, la vidéo !

Freedom Ballet

Σ

Quant à votre journée… Chacun de vos gestes est enregistré. Depuis la première minute de votre réveil…

Freedom Ballet

Alors souriez !…

Et… Dansez !

Lire, voir, écouter la suite . . .

Le vide et la nuit

Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :

Le vide et la nuit

Réduit au plus ténu du souffle

Être pure ouïe

Et faire écho en silence

Au respir des sycomores

Quand l’automne

François Cheng – A l’orient de tout – Poésie /Gallimard

Une poésie et une musique qui n’avaient sans doute pas envisagé de se côtoyer d’aussi près.

Le plaisir n’est-il pas dans l’imprévu de la rencontre de deux belles sensibilités que rien ne permettait de présager ?

Et pourtant leur dialogue au bord de la nuit semble se confondre dans un même écho…

Lire, voir, écouter la suite . . .

Et maintenant nuit…

Vient de paraître sur   « De braises et d’ombre » :

Et maintenant nuit…

Henri Berssenbrugge (1873-1959) – Calèches dans la nuit 1910-1920

Un poème de Max Elskamp (1862-1931)

Et maintenant nuit
Qui vient étoilée,
Et lune qui luit
Dans le ciel montée,

C’est dans le sommeil
La vie qui se tait,
Lumières qui…

Lire, voir, écouter la suite. . .

La nuit 32 – Effet de soir

Léon Spilliaert (1881-1946) - Digue de nuit - 1908

Léon Spilliaert (1881-1946) – Digue de nuit – 1908

Effet de soir

Cette nuit, au-dessus des quais silencieux,
Plane un calme lugubre et glacial d’automne.
Nul vent. Les becs de gaz en file monotone
Luisent au fond de leur halo, comme des yeux.

Et, dans l’air ouaté de brume, nos voix sourdes
Ont le son des échos qui se meurent, tandis
Que nous allons rêveusement, tout engourdis
Dans l’horreur du soir froid plein de tristesses lourdes.

Comme un flux de métal épais, le fleuve noir
Fait sous le ciel sans lune un clapotis de vagues.
Et maintenant, empli de somnolences vagues,
Je sombre dans un grand et morne nonchaloir.

Avec le souvenir des heures paresseuses
Je sens en moi la peur des lendemains pareils,
Et mon âme voudrait boire les longs sommeils
Et l’oubli léthargique en des eaux guérisseuses.

Mes yeux vont demi-clos des becs de gaz trembleurs
Au fleuve où leur lueur fantastique s’immerge,
Et je songe en voyant fuir le long de la berge
Tous ces reflets tombés dans l’eau, comme des pleurs,

Que, dans un coin lointain des cieux mélancoliques,
Peut-être quelque Dieu des temps anciens, hanté
Par l’implacable ennui de son Éternité,
Pleure ces larmes d’or dans les eaux métalliques.

Ephraïm Mikhaël (1866-1890)

Ephraïm Mikhaël

La nuit 31 – Le « Songe »

Henry Fuselli - Tatiana et Bottom (Songe d'une nuit d'été)

Henry Fuselli – Titania et Bottom (Songe d’une nuit d’été)

« J’ai fait un rêve extraordinaire, un rêve comme l’esprit humain ne peut en concevoir, un rêve qui avait l’air d’une réalité mais qui était comme un rêve – On passerait pour un âne à prétendre expliquer un pareil songe. »

Shakespeare – Le songe d’une nuit d’été  (Bottom, Acte IV Scène 1)

Aussi, cher Bottom, personne ici ne se risquerait à provoquer le sort qui vous a déjà coiffé de cette tête d’âne. Chacun se chargera bien lui-même de trouver son chemin dans l’épaisseur de cette forêt magique à travers le labyrinthe d’étranges intrigues amoureuses qui s’y développent entre elfes et fées, sur fond de mise en abyme théâtrale.

Paul Gervais - Folie de Titania - 1897 (Songe d'une nuit d'été)

Paul Gervais – Folie de Titania – 1897 (Songe d’une nuit d’été)

Personne, soyez en assuré, ne se mêlera de la scène de ménage qui oppose la reine des fées, Titania, à son époux, le roi des elfes, Obéron.

Thomas Stothard (1755-1834) - Oberon et Titania - A_Midsummer Night's Dream

Thomas Stothard (1755-1834) – Oberon et Titania (A Midsummer Night’s Dream)

Nul, je le promets, ne cherchera le secret de Puck, le facétieux lutin, qui aura profité du sommeil de la fée pour la rendre amoureuse du premier venu…

Joshua Reynolds (1723-1792) - Puck (Songe d'une nuit d'été)

Joshua Reynolds (1723-1792) – Puck (Songe d’une nuit d’été)

Mais tous, n’en doutez point, vous envieront, cher âne, d’avoir été, cette nuit, cet heureux-là…

Edwin Landseer -Titania et Bottom (Scène du Songe d'une nuit d'été) - 1848

Edwin Landseer -Titania et Bottom (Scène du Songe d’une nuit d’été) – 1848

ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ

Les songes, et à fortiori quand ils ont trouvé leur souffle dans les imaginaires des plus brillants artistes, ont deux particularités essentielles : la première, c’est qu’ils ne meurent, ni ne vieillissent jamais ; la seconde, c’est qu’ils se racontent éternellement, s’accommodant à qui mieux mieux des talents les plus variés de leurs passeurs.

Cependant – et je gage que l’affirmation sera largement partagée – l’un deux, et pas des moindres, Félix Mendelssohn, me semble avoir été le plus inspiré d’entre tous. Peut-être parce que, jeune musicien génial de 17 ans, Félix avait déjà offert à sa sensibilité créatrice de pénétrer le monde merveilleux des elfes et des gnomes. Lorsque, compositeur de 34 ans, pleinement affirmé , il écrit la musique de scène pour la comédie de Shakespeare, « Ein sommernachtstraum » (Songe d’une nuit d’été), il jette sur la pièce de théâtre un éclat du plus heureux effet.  Au point que Franz Liszt écrira quelques années plus tard, à propos du « Songe », cet hommage lumineux :

« Personne ne sut, comme lui, décrire le parfum d’arc-en-ciel, le chatoiement nacré de ces petits lutins, rendre le brillant apparat d’une cérémonie de mariage à la cour. »

Des huit pièces qui composent cette musique, parmi les plus belles du Maestro, et même si l’une d’elle n’est autre que cette sempiternelle « marche nuptiale » que l’on sert sur tous les tons à tous nos mariages et à leurs parodies, le Scherzo qui suit immédiatement l’Ouverture n’a jamais cessé de stimuler mon enthousiasme. Musique qui chante, qui danse, qui appelle à la liesse insouciante, et qui obstinément tient à nous rappeler que la vie, au fond, n’est qu’un rêve, un divertissement, une plaisanterie.

Allez, pour entrer dans la danse, rejoignons les images qui accompagnaient ce magnifique scherzo – ou l’inverse – dans le film « A Midsummer Night’sDream », de William Dieterle et Max Reinhardt, en 1935 :

Et continuons le rêve, car il ne faut que dix doigts, dix doigts seulement, à Yuja Wang pour jouer la transcription pour piano qu’en faisait Rachmaninov à la même époque :

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Et Puck de conclure, évidemment :

« Ombres que nous sommes, si nous avons déplu, figurez-vous seulement (et tout sera réparé) que vous n’avez fait qu’un somme, pendant que ces visions vous apparaissaient »