‘Confins’

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

‘Confins’

Tout le passé est disparu ; qu’importe que je sois ou non un poète ? Je demeure nu et seul dans ma pauvre condition humaine.

Umberto Saba   1883-1957

Peut-être est-ce parce qu’à Trieste on était en partie italien, en partie autrichien et en partie slovène, qu’Umberto Saba est demeuré le moins connu des immortels de la poésie italienne tels que Pasolini, Ungaretti et Montale, ses contemporains et amis.
Peut-être qu’une enfance difficile, sans père, et une vie d’homme en fuite permanente pour échapper aux persécutions des « lois raciales » et préserver la vie des siens, ont conduit la parole du poète sensible et mélancolique sur le chemin discret de la simplicité plutôt que vers les buissons épais de l’hermétisme du temps.
‘Confins’ : un poème extrait de « Parole » (Paroles), dit sur la pierre et le bronze…

Lire, écouter, voir . . . !

Homme, où es-tu ?

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

Homme, où es-tu ?

‘Le programme en quelques siècles’

Déjà paru sur « Perles d’Orphée » le 14/12/2012

Armand Robin 1912-1961

‘On supprimera le Sublime
Au nom de l’Art,

Puis on supprimera l’art.’

Lire, écouter . . . essayer de répondre !

Il y a séparation…

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

Il y a séparation…

Et pourtant les deux plaies essentielles qui rongent le monde, il est encore possible de les nommer. Je les démasque : confusion, séparation.

Arthur Adamov

Jan Matejko – Vieil homme – 1858

« Ce qu’il y a »

Un court extrait de « Je… Ils… » publié par Arthur Adamov en 1969, peu avant sa fin tragique par overdose.

Quelques lignes introspectives révélatrices des préoccupations métaphysiques de l’auteur rongé par ses névroses, illustrées ici par d’émouvants portraits d’hommes, tout droit sortis des brosses de quelques Maîtres de la discipline.

Lire, voir, écouter . . . !

« Un seul homme est né… »

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

« Un seul homme est né… »

‘La Historia Universal es la de un solo hombre.’

Jorge Luis Borges (« Historia de la eternidad » – 1936)

Jorge Luis Borges (1899-1986 ).
Photo by Ulf Andersen / Getty Images

Un seul homme est né, un seul homme est mort sur la terre.

Affirmer le contraire est pure statistique : l’addition est impossible.

[…]

Lire, écouter la suite . . .

Moi, j’ai un rêve !

Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :

Moi, j’ai un rêve !

André Martins de BarrosPositif-Négatif

Les poèmes de Anderson Braga Horta, les plus connus et les plus significatifs ont pour protagoniste l’homme vu sous ses aspects transcendantaux, un homme qui ne se contente de satisfaire ses besoins matériels ni ne se limite somme toute à son état physique. Le corps de cet homme est si fragile que la moindre adversité, la moindre pression externe, peuvent le réduire à néant, mais « sa tête chante », son esprit s’oppose à l’omnipuissance de la mort pour déclarer avec un orgueil presque insolent : « Moi, j’ai un rêve. Et, puisque j’ai un rêve, je suis un Homme ». (François Olègue)

Moi, j’ai un rêve.
Un rêve grand et beau
comme la vie.
Et je l’agiterai, mon saint drapeau,
devant la face de la mort.

Car j’ai un rêve… Pour les…

[…]

Lire, voir, écouter la suite . . .

Touche pas… ma solitude ! (bis)

Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :

Touche pas… ma solitude !

Barbara

Billet initialement publié sur Perles d’Orphée le 10/08/2015

Et légèrement complété ici en guise de réponse définitive – oserais-je l’espérer – à la sempiternelle question avec laquelle, malgré la superfluité que mes années lui confèrent, on me harcèle encore.

[…]

« Homme-piano-lunettes »

et pourquoi pas « Femme-piano-lunettes » ?

Lire, voir, écouter la suite . . .

L’avènement

Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :

L’avènement

« Toute œuvre qui nous donne le sentiment de la qualité artistique relie aussi au monde les profondeurs qu’elle exprime ; toute œuvre qui nous atteint par là témoigne d’une part victorieuse de l’homme, fût-il un homme fasciné. »

Citation d’André Malraux tirée de « La monnaie de l’absolu » pour introduire un très beau poème de Borges : « L’avènement  »

Bison – Peinture rupestre – Grotte ornée d’Altamira

J’étais, je suis toujours, l’homme de la tribu.
L’aube approchait. Couché dans mon coin de caverne
je luttais pour plonger aux sombres eaux du rêve.
Des spectres d’animaux traînant des dards brisés
ajoutaient…

Lire, voir, écouter la suite . . .

Un faubourg, un couteau, un tango… et Borges

Le tango pourvoyeur de souvenirs, nous forge
Un passé presque vrai. Dans ce faubourg perdu
C’est moi qu’on a trouvé sur le sol étendu,
Un couteau dans la main, un couteau dans la gorge.
J. L. Borges, Le tango.

Tango rueEt, même après la rudesse de cette belle et juste vision, n’aurait-t-on pas la tentation, au risque de choquer,  de détourner vers le tango quelques uns des propos que Gide notaient sur la musique de Chopin, et de dire de cette musique mythique des faubourgs de Buenos-Aires telle qu’elle est servie par Astor Piazzola, son Maître absolu, qu’elle  » propose, suppose, insinue, séduit, persuade ; qu’elle n’affirme presque jamais. » ?
A quelle vérité, d’ailleurs, pourrait prétendre le reflet d’un souvenir nostalgique dans le miroir flou d’une larme ancienne ?
N’aurait-on pas encore l’envie d’aller chercher, comme Gide pour Chopin, ces vers exquis de Paul Valéry : « Est-il art plus tendre / Que cette lenteur ? »
Même si, comment l’ignorer, chacun sait que le couteau vengeur demeure toujours à portée de la main de l’ange aux cheveux noirs et qui conduit la danse.

Le temps d’un « Hiver à Buenos-Aires »Invierno Porteño –  pour s’en laisser persuader, et se laisser séduire, par des musiciens hollandais…

Et de belle manière !

Arrangement pour trio (Piano-Violon-Violoncelle) d’une des « Cuatro estaciones porteñas »
[Porteño : Habitant de Buenos-Aires, enfant d’émigrants, né en Argentine]

Et la voix de Valeria Munarriz pour entendre chanter ce que Borges dit au Tango :

 

ALGUIEN LE DICE AL TANGO

Tango que he visto bailar
contra un ocaso amarillo
por quienes eran capaces
de otro baile, el del cuchillo

Tango de aquel Maldonado
con menos agua que barro,
tango silbado al pasar
desde el pescante del carro.

Despreocupado y zafado,
siempre mirabas de frente.
Tango que fuiste la dicha
de ser hombre y ser valiente.

Tango que fuiste feliz,
como yo también lo he sido,
según me cuenta el recuerdo;
el recuerdo fue el olvido.

Desde ese ayer, ¡cuántas cosas
a los dos nos han pasado!
Las partidas y el pesar
de amar y no ser amado.

Yo habré muerto y seguirás
orillando nuestra vida.
Buenos Aires no te olvida,
tango que fuiste y serás.

QUELQU’UN DIT AU TANGO

Tango, toi que j’ai vu danser
Contre un long crépuscule jaune,
Par tous ceux qui étaient capables
De cette danse du couteau.

Tango venu de ce ruisseau, Maldonado,
Contenant plus de boue que d’eau,
Tango qu’on sifflait en passant
Depuis le siège du chariot.

Insouciant et effronté,
Tu regardais toujours en face,
Tango qui as été la joie
D’être homme et d’avoir de l’audace.

Tango qui as été heureux
Comme je l’ai été aussi,
C’est ce que dit mon souvenir ;
Le souvenir ce fut l’oubli….

Depuis ce passé que de choses
A tous deux nous sont arrivées !
Les départs avec les chagrins
D’aimer et n’être pas aimé.

Je serai mort, tu resteras
Coulant au bord de notre vie.
Pour Buenos-Aires pas d’oubli,
Tango tu fus et tu seras.

 

La nuit 12 – Éteindre la lumière

 » Le temps de la poésie est un temps vertical  »  (Gaston Bachelard)

Robert Juarroz (1925-1995)

Robert Juarroz (1925-1995)

Éteindre la lumière, chaque nuit,
est comme un rite d’initiation :
s’ouvrir au corps de l’ombre,
revenir au cycle d’un apprentissage toujours remis :
se rappeler que toute lumière
est une enclave transitoire.

Dans l’ombre, par exemple,
les noms qui nous servent dans la lumière n’ont plus cours.
Il faut les remplacer un à un.
Et plus tard effacer tous les noms.
Et même finir par changer tout le langage
et articuler le langage de l’ombre.

Éteindre la lumière, chaque nuit,
rend notre identité honteuse,
broie son grain de moutarde
dans l’implacable mortier de l’ombre.

Comment éteindre chaque chose ?
Comment éteindre chaque homme ?
Comment éteindre ?

Éteindre la lumière, chaque nuit,
nous fait palper les parois de toutes les tombes.
Notre main ne réussit alors
qu’à s’agripper à une autre main.
Ou, si elle est seule,
elle revient au geste implorant
de raviver l’aumône de la lumière.

Roberto Juarroz – Quinzième poésie verticale

Traduction Jacques Ancet – Ibériques / José Corti – Édition bilingue

Giacometti - Homme qui marche

Alberto Giacometti – Homme qui marche