Archives de Tag: solitude
Mais vieillir…! – 3 – Un vieillard
Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :
Mais vieillir…! – 3 – Un vieillard
« La taverne de la mer » :
Poème de Constantin Cavafy (poète grec 1863-1933)
Traduction en français depuis une réinterprétation du poème en chanson
par Lluis Llach, en catalan.
« Cavafy a peur de devenir ce petit vieux attablé à la taverne de la mer, et qui voit sa jeunesse enfuie et son dernier visage resté collé dans ses mains boursouflées, et qui ne pourront plus caresser un corps d’éphèbe que contre monnaie. Cette hantise de l’homosexuel vieillissant il l’aura porté très tôt. De bars louches en bars louches, là où se trouvent ses jeunes matelots d’une vingtaine d’années au plus, il part en fait plus à la recherche de sa jeunesse que d’un nouveau corps à habiter, à posséder. »
Gil Pressnitzer (« Esprits Nomades » – « Constantin Cavafy »)
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Mais vieillir…! – 2 – DANCE
Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :
Mais vieillir…! – 2 – DANCE
« En vieillissant, je sens que tout s’en va… et j’aime tout plus passionnément. »
Émile Zola
Jean de La Fontaine
— Je crois qu’on est vieux la première fois…Le rossignol
— Qu’on aime ?Jean de La Fontaine
— Ah ! Non. La première fois qu’on cesse d’aimer.
Sacha Guitry – « Jean de La Fontaine » (1916)
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Tristesse
Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :
Tristesse
Adieu tristesse,
Bonjour tristesse…
Tu n’es pas tout à fait la misère,
Car les lèvres les plus pauvres te dénoncent
Par un sourire.
Paul Eluard
Ψ
Voix d’ange et musiciens aussi jeunes que talentueux pour faire fête à la saudade brésilienne entre jazz et bossa-nova
Lire, voir, écouter… danser !
« Mon choix le plus doux ! »
Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :
« Mon choix le plus doux ! »
Disparaître dans la seule contemplation du monde…
Une minute, un jour, le reste d’une vie…
S’abreuver à…
« Ô solitude, my sweetest choice » d’Henry Purcell, magnifiquement servi par la voix d’Anne Sofie Von Otter accompagnée au théorbe par Jakob Lindberg sur des images superbes d’Elisabeth Gadd.
Le baroque en majesté !
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Touche pas… ma solitude !
Brumes et Brouillard /14 – Le jardin du faubourg
BRUMES
Je suis un grand jardin de novembre, un jardin éploré
Où grelottent les abandonnés du vieux faubourg ;
Où la couleur misérable des brumes dit : Toujours !
Où le battement des fontaines est le mot : Jamais…
— Autour d’un buste ridicule qui médite,
(Marie, tu dors, ton moulin va trop vite),
Tourne la ronde des désespoirs du vieux faubourg.Entendez-vous la ronde qui pleure, dans le jardin noyé
De brume aveugle, au fond du vieux faubourg ?
Pauvres amitiés mortes, burlesques amours oubliées,
O vous les mensonges d’un soir, ô vous les illusions d’un jour,
Autour du buste ridicule qui médite,
(Marie, tu dors, ton moulin va trop vite),
Venez danser la ronde noire du vieux faubourg.La brume a tout mangé, rien n’est gai, rien n’irrite,
Le rêve est aussi creux que la réalité.
Mais dans le parc où vous avez connu l’été
La ronde, la ronde immense tourne, tourne toujours,
Amis que l’on remplace, amantes que l’on quitte…
(Marie, tu dors, ton moulin va trop vite…)
Je suis un grand jardin de novembre, au fond d’un vieux faubourg.
Oscar Venceslas de Lubicz-Milosz (1877-1939)
Autoportrait au lied
A mes amis qui pourraient bien me croire mort.
Il est des moments de l’existence où l’on ressent un impérieux besoin de mourir au monde.
- Parfois, et plutôt rarement, parce que gagné par un puissant sentiment de plénitude, on aspire très profondément à se pelotonner dans une bulle hermétique dont on voudrait qu’elle ait pour vertu essentielle de préserver éternellement cette sensation euphorisante d’absolue possession de soi-même. Optimisme triste.
- Parfois, pessimisme à peine souriant, parce que, pour échapper à l’imbécillité des hommes, s’éloigner des injustices et des hypocrisies dont ils ne peuvent se départir, on choisit l’attitude – aux effets sans doute illusoires – de se calfeutrer dans sa carapace de misanthropie, le temps au moins de se convaincre de la quitter une fois encore ; provisoirement.
Dans l’un et l’autre cas, ni cet éloignement salutaire, ni ce silence soudain, ne sont compris de ceux – ou celles – qui se sont habitués aux formes explicites de notre affection, à notre disponibilité et à notre volubilité. D’aucuns nous en tiendraient rigueur, d’autres en prendraient ombrage. Et aucune explication ne saurait leur parvenir de notre part, et pour cause… la mort n’a pas coutume de s’épancher.
Peut-être faut-il alors, pour que leur parvienne depuis notre île lointaine un témoignage de notre sincère et constante amitié, confier aux artistes dont la sensibilité nous touche le plus, le soin de nous représenter. Si ce sont des poètes et des musiciens, l’universalité de leur langage nous offrira les meilleures chances de nous faire comprendre, ou tout au moins entendre. Mais en tout cas nous aurons éprouvé cette immense satisfaction égoïste et rassurante de trouver dans les œuvres des plus grands une parfaite et humble résonance à nos propres états d’âme.
Puissent mes amis recevoir au travers de ce billet, comme un salut discret mais chaleureux, l’assurance qu’ils ne sont ni oubliés, ni méprisés au fond de mes silences.
Pour eux, en guise d’autoportrait musical, ce que je crois être le plus beau chant que Mahler ait pu un jour composer. Tout y est enveloppé dans une aura de sérénité accomplie ; l’âme s’y déploie comme un frisson sur l’onde pacifique, dans une immobilité mystique, transcendante. De la lenteur recueillie de ce chant émane une intense émotion, bouleversante, céleste. La voix qui l’entonne sera d’autant plus belle qu’elle laissera entrevoir l’inéluctable part de noirceur mélancolique de l’âme dont elle se fait l’écho.
Ich leb’ allein in meinem Himmel,
In meinem Lieben, in meinem Lied!
Je vis solitaire dans mon ciel,
dans mon amour, dans mon chant.
« Ich bin der Welt abhanden gekommen » (Je me suis retiré du monde) est l’un des 5 lieder du cycle des « Rückert Lieder » composés par Gustav Mahler au tout début des années 1900, dans sa nouvelle maison de Maïernigg, entre lac et forêt, à cette époque heureuse où commence pour lui une nouvelle vie avec la jeune et brillante Alma qu’il vient d’épouser.
Après l’avoir composé, Mahler a dit de ce lied : « C’est moi-même ! »
Amis, – ceux qui me croient mort et tous ceux, récents, qui passez quelquefois ici prendre mon pouls – permettez-moi l’outrecuidance de le dire également en vous offrant ces quelques minutes d’apesanteur.
Pour l’emprunt prétentieux, je finirai bien par m’arranger avec Mahler… Nous nous fréquentons beaucoup ces temps-ci.
Ich bin der Welt abhanden gekommen,
Mit der ich sonst viele Zeit verdorben,
Sie hat so lange nichts von mir vernommen,
Sie mag wohl glauben, ich sei gestorben!Es ist mir auch gar nichts daran gelegen,
Ob sie mich für gestorben hält,
Ich kann auch gar nichts sagen dagegen,
Denn wirklich bin ich gestorben der Welt.Ich bin gestorben dem Weltgetümmel,
Und ruh’ in einem stillen Gebiet!
Ich leb’ allein in meinem Himmel,
In meinem Lieben, in meinem Lied!
∞
Me voilà coupé du monde
dans lequel je n’ai que trop perdu mon temps;
il n’a depuis longtemps plus rien entendu de moi,
il peut bien croire que je suis mort !
Et peu importe, à vrai dire,
si je passe pour mort à ses yeux.
Et je n’ai rien à y redire,
car il est vrai que je suis mort au monde.
Je suis mort au monde et à son tumulte
et je repose dans un coin tranquille.
Je vis solitaire dans mon ciel,
dans mon amour, dans mon chant.
Brumes et brouillards /12 – Méditation grisâtre
Méditation grisâtre
Sous le ciel pluvieux noyé de brumes sales,
Devant l’Océan blême, assis sur un ilot,
Seul, loin de tout, je songe au clapotis du flot,
Dans le concert hurlant des mourantes rafales.Crinière échevelée ainsi que des cavales,
Les vagues se tordant arrivent au galop
Et croulent à mes pieds avec de longs sanglots
Qu’emporte la tourmente aux haleines brutales.Partout le grand ciel gris, le brouillard et la mer,
Rien que l’affolement des vents balayant l’air.
Plus d’heures, plus d’humains, et solitaire, morne,Je reste là, perdu dans l’horizon lointain,
Et songe que l’Espace est sans borne, sans borne,
Et que le Temps n’aura jamais … jamais de fin.Jules Laforgue (Mercure de France – 1903)
Brumes et brouillards /11 – Solitude
Dans le brouillard
Comme c’est étrange de marcher dans le brouillard !
Solitaire est chaque buisson, chaque pierre,
Aucun arbre n’aperçoit son voisin,
Chacun est bien seul.
Le monde était pour moi plein d’amis
Quand ma vie se déroulait dans la lumière ;
Maintenant que le brouillard est tombé,
Je ne distingue plus aucun d’eux.
En vérité, personne n’atteindra la sagesse
S’il ne connaît aussi les ténèbres
Qui, en silence, inexorablement,
Le séparent de toute chose.
Comme c’est étrange de marcher dans le brouillard !
La vie tout entière est solitude,
Nul ne connaît son prochain
Chacun est bien seul.
Im nebel
Seltsam, im Nebel zu wandern!
Einsam ist jeder Busch und Stein,
Kein Baum sieht den andern,
Jeder ist allein.Voll von Freunden war mir die Welt,
Als noch mein Leben licht war;
Nun, da der Nebel fällt,
Ist keiner mehr sichtbar.Wahrlich, keiner ist weise,
Der nicht das Dunkel kennt,
Das unentrinnbar und leise
Von allen ihn trennt.Seltsam, Im Nebel zu wandern!
Leben ist Einsamsein.
Kein Mensch kennt den andern,
Jeder ist allein.