« D’une grande maîtrise formelle et d’une richesse thématique remarquable, jamais encore une œuvre de musique de chambre n’avait rayonné à ce point de jeunesse, de fougue et de passion. Plus que Mozart, Mendelssohn pouvait être considéré comme un enfant prodige, notamment dans le domaine de la musique de chambre, tant ses premiers essais étaient déjà d’une maturité insurpassable. »
Gil Pressnitzer – Esprits nomades – 2001 – « L’eau claire de la jeunesse »
Félix Mendelssohn
Octuor en mi bémol majeur – Opus 20
Janine Jansen (violon) et la fine fleur des jeunes chambristes du monde
Je sais,
Une fois qu’on tombe dans cette passion
Et qu’on a un cœur d’un poids respectable
Il n’y a rien à faire, mon Don Quichotte, rien à faire,
Il faut se battre avec les moulins à vent.
Nazim Hikmet
George Bertin Scott – Don Quichotte
Un bienveillant et souriant salut du grand poète turc, Nazim Hikmet, au célébrissime « Chevalier à la triste figure » et à sa légende…
Et ce fut à cet âge… La poésie vint me chercher. Je ne sais pas, je ne sais d’où elle surgit, de l’hiver ou du fleuve. Je ne sais ni comment ni quand, non, ce n’étaient pas des voix, ce n’étaient pas des mots, ni le silence : d’une rue elle me hélait, des branches de la nuit, soudain parmi les autres, parmi des feux violents ou dans le retour solitaire, sans visage elle était là et me touchait. Je ne savais que dire, ma bouche ne savait pas nommer, mes yeux étaient aveugles, et quelque chose cognait dans mon âme, fièvre ou ailes perdues, je me formai seul peu à peu, déchiffrant cette brûlure, et j’écrivis la première ligne confuse, confuse, sans corps, pure ânerie, pur savoir de celui-là qui ne sait rien, et je vis tout à coup le ciel égrené et ouvert, des planètes, des plantations vibrantes, l’ombre perforée, criblée de flèches, de feu et de fleurs, la nuit qui roule et qui écrase, l’univers. Et moi, infime créature, grisé par le grand vide constellé, à l’instar, à l’image du mystère, je me sentis pure partie de l’abîme, je roulai avec les étoiles, mon cœur se dénoua dans le vent.
(« Mémorial de l’île noire » 1964) – Traduction de Pierre Clavilier
En ces temps là, quand on avait dit « oui », c’était évidemment pour la vie… Et le couple tenait bon!
Depuis le dernier tiers du XXème siècle, avec l’augmentation du nombre et de la fréquence des divorces, la question n’a cessé d’occuper les esprits : Comment donc faisaient nos aînés pour donner autant de longévité à leurs unions?
Les sociologues, avec ce talent de faire parler les courbes qui leur est propre, ont multiplié les explications à l’infini. Mais je ne me souviens pas qu’ils aient développé une seule fois cet argument péremptoire qui suppose tout simplement que nos grands-mères étaient plus « intelligentes » que nos épouses – Pardon Mesdames! – (ou plus naïves, peut-être?), et nos grands-pères plus « honnêtes » que nous-mêmes – Pardon Messieurs! – (ou plus habiles peut-être?).
A l’évidence les observateurs n’avaient pas accordé suffisamment d’intérêt à cette scène délicieuse du film réalisé en 1949 par Henri Jeanson, « Lady Paname », où Louis Jouvet, dans le rôle d’un très malin photographe, explique avec force conviction à son épouse, qu’il remercie de toutes ses grâces, comment elle sait faire de lui un mari aussi « fidèle »…
Un modèle de casuistique!
Vera Norman (Oseille) – Jane Marken (L’épouse) – Suzy Delair (Caprice)
« Nous ferons notre cœur si simple et si crédule
« Que les esprits charmants des contes d’autrefois
« Reviendront habiter dans les vieilles pendules
« Avec des airs secrets, affairés et courtois. »
Anna de Noailles (« L’innocence »)
La nature, l’amour, la mort. Composantes inspiratrices fondamentales de la poésie lyrique, elles se parent, dans les vers d’Anna de Noailles, de ces colorations douces que confèrent les pâles soleils aux saisons intermédiaires, temps de passage et de mutation, de transformation à peine sensible mais inéluctable des êtres et des choses.
Ma complice internautique, Christine Mattéi, a récemment enregistré un poème de cette poétesse brillante que notre époque technologique ensevelit chaque jour un peu plus dans les terres de l’oubli. Elle a choisi pour accompagnement musical le splendide poème symphonique de Franz Liszt, « Orpheus » que le compositeur avait écrit en 1854, pour servir d’introduction à l’opéra de Gluck, « Orphée et Eurydice », lors d’une représentation à Weimar. Les images sélectionnées pour cette vidéo sont en parfaite symbiose avec texte et musique, et la voix diaphane de Christine confère à ce moment lyrique un romantisme, hélas désuet, mais tellement touchant.
C’est si beau « L’innocence » !
Nous marquerons cette vidéo d’un « caillou blanc » pour nous rappeler d’y venir nous ressourcer souvent. Merci Christine!
θ
« Ah ! jeunesse, pourquoi faut-il que vous passiez « Et que nous demeurions pleins d’ennuis et pleins d’âge, « Comme un arbre qui vit sans lierre et sans rosier, « Qui souffre sur la route et ne fait plus d’ombrage… »
Car le poète est un four à brûler le réel. De toutes les émotions brutes qu’il reçoit, il sort parfois un léger diamant d’une eau et d’un éclat incomparables. Voilà toute une vie comprimée dans quelques images et quelques phrases. Pierre Reverdy