Manon inoubliable

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

Manon inoubliable

« N’exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments, ni que je vous rapporte ses dernières expressions. Je la perdis ; je reçus d’elle des marques d’amour, au moment même qu’elle expirait. »

Chevalier Des Grieux à l’Abbé Prévost – « Manon Lescaut »

Asmik Gregorian (soprano)    –    Marianela Nunez & Federico Bonelli

Au bout d’une vie, de combien d’héroïnes mortes sur les rayons de nos bibliothèques portons-nous le deuil ? Aucune n’échappe à notre mémoire ; ni Antigone, ni Iseult, ni Carmen, ni Emma Bovary, Anna Karénine, Yvonne de Galais ou autres Thérèse Desqueyroux…

Il en est une pourtant qui laisse dans nos souvenirs un sillon un peu plus profond. Peut-être parce qu’elle a contribué à nos premiers émois d’adolescence ? Cette jeune amoureuse, passionnée, indépendante et rebelle, c’est Manon, Manon Lescaut, héroïne du roman éponyme de l’Abbé Prévost, que nos professeurs jadis nous faisaient décortiquer sans trêve.

Mais Manon inoubliable aussi par sa présence multiple sur les écrans de cinéma, sur les scènes de théâtre ou d’opéra, sur les pointes des plus prestigieuses étoiles de la danse…

Chante, Manon !… Danse, Manon !…

Pause bonheur

Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :

Pause bonheur

« Cette fête du corps, devant nos âmes, offre lumière et joie ».

Paul Valéry (à propos de la danse)

Marianela Nunez & Vadim Muntagirov (Don Quichotte – The Royal Ballet)

Partagée au travers d’un aussi grand talent fait d’autant de grâce que de maîtrise, l’exultation de ce jeune couple qui doit la joie de pouvoir enfin s’unir à l’intervention habile de Don Quichotte, ne tarde pas à porter notre bonheur de l’admirer aux confins de l’extase.

Le pas de deux de l’Acte III . . .

Confinés… Passionnément

Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :

Confinés… Passionnément

 

Manon et Des Grieux, confinés dans la passion qui les anime, et dans l’appartement parisien qu’a loué le jeune amoureux, « fraudent les droits de l’Église » de la plus belle des manières :

Est-il instant plus pathétique que celui qui enferme dans la furtive extase d’un baiser d’amour le sourire de la grâce et la noblesse des corps ?

Manon : Federico Bonelli & Marianela Nunez (Royal Opera House)

Lire, voir, écouter la suite . . .

Voluptueuse beauté des corps

« La beauté est un mystère qui danse et chante dans le temps et au-delà du temps. Depuis toujours et à jamais. Elle est incompréhensible. .. Elle est dans l’œil qui regarde, dans l’oreille qui écoute autant que dans l’objet admiré. .. Elle est liée à l’amour. Elle est promesse de bonheur. A la façon de la joie, elle est une nostalgie d’ailleurs. »
Jean d’Ormesson (« Un jour je m’en irai sans avoir tout dit »)

 « Il y a dans la sensualité une sorte d’allégresse cosmique. »
Jean Giono (in « Jean le Bleu »)

 « Qu’est la volupté elle-même, sinon un moment d’attention passionnée au corps ? »
Marguerite Yourcenar

Laura Morera et Eric Underwood dansent un extrait de

« Chroma », ballet de Wayne Mc Gregor

Musique du groupe rock The White Stripes : « The hardest button to button »

Deux : Comme « pas de deux »

John Searles - Pas de deux - Boca-Raton

John Searles – Pas de deux – Boca-Raton

Pas de deux, pas d’amour !

  • Parfois frivole désinvolture d’un jeune couple d’amoureux qui minaude avec charme et grâce à l’occasion d’un bal masqué, comme deux chats espiègles et joueurs : Chat botté et chatte blanche badinant sur la musique de Tchaïkovski, au milieu de la salle de bal du palais, à l’Acte III de « La Belle au Bois Dormant ».

  • Ou, souvent, manifestation délicate de la fragile intimité d’un couple d’amants tragiques déchirés entre la force irrépressible de l’amour qui les rapproche et l’adversité des situations qui s’acharnent à les séparer, ne leur offrant généralement que la mort pour autel de leur union.

A l’instar de cette sculpture moderne qui résume le couple de danseurs à la gracieuse fluidité de leurs deux corps fusionnés en une spirale aérienne qui, au rythme d’une musique que l’on croirait entendre, les emporte vers leur destin, légers comme en un vol ; conclusion annoncée du subtil dépit amoureux, silencieux dialogue, que leurs pas imbriqués ont offert à nos yeux ébahis.

Roméo n’a pas retiré l’échelle du balcon de la chambre de Juliette. Venez ! Grimpons discrètement :

Après s’être assoupis un instant, les deux amants se réveillent. Le soleil est déjà haut, il faut qu’ils se séparent avant d’être surpris. La musique de Prokofiev guide les pas du couple Diana Vishneva et Vladimir Shklyarov sur la scène du Théâtre du Mariinsky  (mars 2013) :

Un enchantement partagé entre beauté et émotion !

 

∞ ∞ ∞

Avec ces deux splendides pas de deux se termine la semaine anniversaire que j’ai souhaité consacrer à illustrer le « 2 », pour clôturer définitivement l’An II des « Perles d’Orphée ». Manière d’exprimer ma chaleureuse gratitude à tous ceux qui viennent ici partager ces merveilles qui m’aident à me tenir éloigné de la vulgarité du monde.

« Ce léger parfum est mon âme »

meilland_the-mc-cartney-roseLe bal est fini. Le cœur encore auréolé des volutes de sa dernière valse, une jeune-fille retrouve dans la solitude de sa chambre les émois de son inoubliable soirée. Elle s’endort dans un fauteuil. Le parfum léger de la rose qu’un galant cavalier lui a offerte berce son premier sommeil.

Pendant que doucement se fane la fleur tombée à ses pieds, elle rêve :

 » Le spectre de la rose  » subrepticement l’a rejointe ; tantôt il s’adresse à elle dans la douce langue du poète portée par la voix la plus belle, tantôt, à son chevet, danse une danse du paradis.

La voix la plus belle pour cette mélodie extraite des « Nuits d’été » de Berlioz, c’est assurément celle de Régine Crespin qui confère à ce cycle une part de merveilleux que peu de cantatrices ont su exprimer avec autant de naturel, de simplicité et de raffinement. Ses paroles, le spectre les puisent dans les vers du poème que Théophile Gautier a écrit pour lui.

Un délice !

Le spectre de la rose

Soulève ta paupière close
Qu’effleure un songe virginal ;
Je suis le spectre d’une rose
Que tu portais hier au bal.
Tu me pris encore emperlée
Des pleurs d’argent de l’arrosoir,
Et parmi la fête étoilée
Tu me promenas tout le soir.

Ô toi qui de ma mort fus cause,
Sans que tu puisses le chasser
Toute la nuit mon spectre rose
A ton chevet viendra danser.
Mais ne crains rien, je ne réclame
Ni messe, ni De Profundis ;
Ce léger parfum est mon âme
Et j’arrive du paradis.

Mon destin fut digne d’envie :
Et pour avoir un sort si beau,
Plus d’un aurait donné sa vie,
Car j’ai ta gorge pour tombeau,
Et sur l’albâtre où je repose
Un poète avec un baiser
Écrivit : « Ci-gît une rose
Que tous les rois vont jalouser ».

Théophile Gautier (in « Comédie de la mort »)

&

Quand il choisit de danser au chevet de la belle endormie, « Le spectre de la rose » se pare des pétales de la fleur moribonde. Dès que s’enflamment les premiers accords de « L »invitation à la danse » –  rondo pour piano de Carl Maria von Weber qu’Hector Berlioz orchestra en 1841 sous le nom de « L’invitation à la valse » – ,  le spectre tournoie et bondit autour de la rêveuse, tout attendri par sa beauté, lui fait faire quelques tours de valse entre ses bras, puis disparaît dans un saut stupéfiant…  Jamais public, depuis le premier saut final du mythique Nijinski en 1911, n’a vu le spectre redescendre…

Au réveil, la jeune fille comprend, en voyant la rose sur le sol, que son doux rêve est terminé.

Un splendide pas de deux qui est « essentiellement un solo pour l’homme », comme aimait à le préciser le critique anglais Richard Buckle.

La puissance et la grâce !

Dans l’impossibilité de faire un choix entre deux belles versions de ce ballet, le plus simple était de les proposer toutes les deux. Dans la même chorégraphie, celle de Mikhail Fokine, créée originellement pour la première représentation le 19 avril 1911 à l’Opéra de Monte-Carlo, par Tamara Karsavina et Vaslaw Nijinski. Et à partir du même livret de Jean-Louis Vaudoyer d’après le poème de Théophile Gautier.

Igor Kolb – Zhanna Ayupova

&

Vladimir Malakhov – Nadja Saidakova

Affiche ballet russe Monte Carlo 1911

« Le rendez-vous »

Les enfants qui s’aiment s’embrassent debout 
Contre les portes de la nuit 
Et les passants qui passent les désignent du doigt 
Mais les enfants qui s’aiment 
Ne sont là pour personne 
Et c’est seulement leur ombre 
Qui tremble dans la nuit 
Excitant la rage des passants 
Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie 
Les enfants qui s’aiment ne sont là pour personne 
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit 
Bien plus haut que le jour 
Dans l’éblouissante clarté de leur premier amour. 

Jacques Prévert

La guerre est finie. Paris pose pour Brassaï, un « cancre » de génie nommé Prévert écrit sa poésie sur les bords de la Seine et Kosma la met en musique. Les trois hommes se rencontrent près des Halles, dans une petite pièce, derrière la cuisine d’un bistro dont le propriétaire n’est autre que le père d’un jeune chorégraphe d’à peine plus de 21 ans. Le talent du jeune homme n’a d’égal que la vitalité qu’il  exprime dans ses engagements pour son art. D’ailleurs, c’est grâce au magnétisme qu’exerce sur eux ce garçon que les trois artistes se retrouvent réunis là. On ne le sait pas encore, mais son nom va briller de mille feux dans l’univers de la danse, et au-delà, il s’appelle Roland Petit. Pour l’heure, Il écoute, passionné, Prévert développer l’argument du futur ballet :  « Le Rendez-vous », celui d’un jeune homme avec « la plus belle fille du monde ».

Il va chorégraphier leur rencontre sur la musique de Kosma, les faire danser ensemble un pas de deux ultime dans une atmosphère aussi sombre que poétique dans les rues du Paris saisi par l’objectif de Brassaï. Il obtiendra même de Picasso qu’il dessine le rideau de scène.

Mais ce n’est pas un rendez-vous banal ; le destin veille : près de l’escalier du pont de Crimée, le jeune homme va tomber sous le coup décisif et fatal de celle qui vient de le séduire. Il ne savait pas qu’il avait rendez-vous avec la Mort.

Ce pas de deux, pas de rue, est ici interprété par Isabelle Ciaravola, envoûtante veuve noire aux jambes interminables, « la plus belle fille du monde », et par Nicolas Le Riche, qui communique à ce pauvre « jeune-homme » pris dans les rets de son inéluctable destin, son charisme et son formidable talent.

Et si pour le plaisir, au-delà de la danse elle-même, de retrouver cette ambiance des rues du Paris de la fin des années 1940 transposée sur la scène, et de fredonner les chansons de Prévert et Kosma, on souhaite se délecter de ce court ballet dans son intégralité, en voici la version intégrale.

On y côtoie, Michael Denard, Le Destin – Hugo Vigliotti, Le Bossu – Pascal Aubin, Le Chanteur – et les danseurs, passants et passantes, du Corps de Ballet et de l’École de danse de l’Opéra de Paris.

« Le rendez-vous »  à ne pas manquer !

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La prisonnière

Marcel Proust (1871-1922)

Marcel Proust (1871-1922)

 » La prisonnière « , voilà qui pourrait faire un titre de roman extrêmement engageant pour un amoureux de la lecture, n’est-ce pas ? Mais un auteur, me semble-t-il, a déjà eu cette idée. Et quel auteur !

 » La prisonnière « , en effet, c’est le cinquième tome de la  » Recherche «  de Marcel Proust. Dans ce roman qui nous éloigne un moment, comme une pause que nous offre le narrateur, des mondanités qu’il nous a fait partager jusqu’ici, Proust s’accorde le temps d’une introspection. Son amour pour Albertine n’a cessé de croître depuis qu’il nous a fait part de sa rencontre avec elle au tome II, « A l’ombre des jeunes filles en fleurs ». Elle a répondu favorablement à sa demande et s’est installée chez lui. Mais cet amour vécu dans la proximité du quotidien le conduit à une jalousie maladive tant il supporte mal l’intérêt qu’Albertine semble accorder aux autres femmes. Il aurait sans doute mieux accepté qu’elle fût attirée par quelques rivaux masculins.

Le séjour d’Albertine le transformera donc en enquêteur prêchant parfois le faux pour savoir le vrai, voire en geôlier surveillant jalousement sa prisonnière. Mais l’auteur finira par admettre qu’il n’est d’autre prisonnier que lui-même. Et, alors qu’il consent enfin à se détacher de cet amour perturbateur, le départ soudain d’Albertine va raviver ses émois…

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Roland Petit (1924-2011)

Roland Petit (1924-2011)

Avec la création par le Ballet de Marseille en 1974 de  » Proust ou les intermittences du cœur « , Roland Petit fait vivre sur scène quelques personnages de  » La recherche « . 

Fidèle à l’économie de moyens qui caractérise ses chorégraphies, il met en scène par quelques tableaux divers des situations venues en droite ligne de l’œuvre littéraire, en se gardant bien de la prétention d’une quelconque rivalité avec elle. Le corps exprime ici, sur des musiques que Proust lui-même avait entendues, voire appréciées, à son époque, les émois, les caractères et les relations de certains personnages de la « Recherche », parmi les plus connus, tels que Swann, bien sûr, Madame Verdurin, la Duchesse de Guermantes ou Marcel Proust lui-même.

Dans ce pas de deux  » La prisonnière « , – sans aucun doute un point culminant de la réalisation chorégraphique -, le jeune Proust, magnifiquement incarné par Hervé Moreau, contemple Albertine dans son sommeil, le regard tout autant chargé de questionnements que d’émerveillements. La belle endormie dont le sommeil présage déjà de sa fugue imminente, est interprétée, avec une grâce inégalée, par la danseuse étoile Isabelle Ciaravola – qui a fait ses adieux à l’Opéra de Paris il y a quelques mois à peine.

L’harmonie des corps, la sobriété des gestes, la finesse de la chorégraphie et la sensibilité des deux superbes interprètes, illustrent avec une juste émotion les confidences que nous avions reçues jadis de l’auteur à travers les pages de ce singulier « journal intime ». Les accents de l’adagio de la 3ème symphonie de Saint-Saëns sont le ruban rouge de ce paquet cadeau exceptionnel.

On peut aimer les mots, certes, mais quand les silences des corps sont aussi éloquents…

 

A la pointe… du pinceau, de l’épée et du pied

De la pointe du pinceau à la pointe du pied, en passant, sulfureux Caravaggio oblige, par la pointe de l’épée.

Le pinceau

En abreuvant Michelangelo Merisi da Caravaggio de prestigieuses commandes, les puissants mécènes fort cultivés du début du XVIIème siècle, ouvraient grand les portes de la postérité à celui qui allait devenir l’incontestable maître du « clair-obscur » et de la représentation des ténèbres pour bien des artistes peintres qui lui succédèrent. Il reste pour nous tous, aujourd’hui, Le Caravage dont les œuvres d’un puissant réalisme font à la fois la fierté de tous les lieux qui peuvent exposer une de ses toiles, et le régal de nos sens quand nos regards la rencontrent.

Est-il plus doux plaisir que de lever sa coupe avec « Bacchus » ?

Caravaggio - Bacchus

Caravaggio – Bacchus – 1594 (Florence – Galerie des Offices)

De veiller, admiratif et recueilli, au repos de l’ « Amour endormi » ?

Caravaggio - Amour endormi

Caravaggio – Amour endormi – 1608 (Florence – Palais Pitti)

De tressaillir d’effroi et de fascination devant David vainqueur surgissant de l’ombre, la lame de l’épée encore chaude dans une main et brandissant de l’autre la tête tranchée de son ennemi Goliath ?

Caravaggio - David avec la tête de Goliath

Caravaggio – David avec la tête de Goliath – 1606 (Rome – Galerie Borghese)

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L’épée

Symbole d’un rang qui ne l’autorisait pas à la porter, si présente dans ses tableaux, et dans sa vie, cette épée, qu’il maniait avec succès et trop souvent, a mis Caravaggio dans de terribles situations tant vis à vis de ses mécènes que de ses juges. L’usage mortel qu’il en fit obligea le bretteur à fuir Rome pour échapper aux lourdes condamnations qui le sanctionnaient, sans qu’il pût jamais y revenir, même armé d’un pinceau. Si celui-ci faisait la lumière de sa gloire, celle-là, étrange symétrie entre l’œuvre et la vie, assombrissait le malheur de sa trop courte existence.

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Le pied

C’est par la pointe de son pied que le danseur conserve avec la terre un infinitésimal contact qui le relie à l’histoire. C’est donc par cette troisième pointe d’un triangle qui fermerait ainsi l’espace scénique d’un étrange théâtre où se jouerait en un souffle de beauté la biographie d’un génie, que le chorégraphe Mauro Bigonzetti fait entrer en scène le Staatsballet Berlin en 2008.

Par la chorégraphie de ce ballet en deux actes, il tient autant à rendre hommage à l’artiste Caravaggio qu’il admire, qu’à présenter le drame humain qui le traverse. Les soli, les pas de deux, de trois, ou les ensembles offrent tous au spectateur, parfois peut-être décontenancé, et la face enjouée du génie et les stigmates du crime.

Polina Semionova et Vladimir Malakhov

Fascinant tableau de chair ! Troublante prière à la pointe du cœur !

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Le Caravage - Martyr de St Mathieu

Le Caravage – Martyr de St Matthieu – 1600 (Rome – Église Saint-Louis-des-Français)

Sous la pluie : Aimer… Danser

Quand, paradoxalement, la pluie catalyse la passion des corps, elle confère à la grâce de leurs mouvements la sensualité des modulations d’une harmonie divine.

Le chorégraphe, sculpteur des corps, mais aussi jongleur d’âmes, se pose ainsi en demi-dieu.

HD disponible (Roue dentelée en bas à droite de l’image en mouvement)

Vidéo :  » Passage  »  –  Musique et réalisation de  Fabrizio Ferri

Danseurs : Polina Semionova & Roberto Bolle