« Le ragtime est la musique sur laquelle Dieu danse quand personne ne le regarde. »
Alessandro Barrico (‘Novecento : pianiste‘)
Sarah Lamb – Elite syncopations
Le grand Royal Ballet de Londres se lâche… Oubliés pour un temps les incontournables sujets du répertoire classique, Lac des Cygnes, Manon, La Belle au Bois Dormant et autre Giselle.
Tchaïkovski, Massenet, Adam se retournent-ils dans leurs tombes ? La compagnie danse le Ragtime ! Celui du début du XXème siècle, celui de Scott Joplin !
*Kuusi: l’épicéa, en finnois ; en anglais, the spruce.
Jardin d’Albert Khan (www.frawsy.com)
« En argot les hommes appellent les oreilles des feuilles c’est dire comme ils sentent que les arbres connaissent la musique mais la langue verte des arbres…
Les caméras de télévision sont en place, les preneurs de son terminent leurs derniers réglages, le régisseur s’assure que tout est en ordre sur le plateau pour le récital en direct qui ne va pas tarder à enchanter les ondes. Il informe le pianiste qu’il ne lui reste plus que quelques minutes pour se chauffer les doigts… Mais tout ne va pas au mieux pour notre comédien-concertiste, Victor Borge : le deuxième thème, « più mosso », de la valse de Chopin Opus 64 N°2 en Ut dièse mineur ne passe pas, les croches accrochent à la main droite.
Il s’exerce malgré les mouvements incessants des techniciens qui s’affairent autour de lui… pour notre grand plaisir :
ƒ ƒ ƒ
Et si on écoutait cette valse sous les doigts de Yuja Wang dont Chopin aurait sans doute énormément aimé les interprétations… mais pas que…
ƒ ƒ ƒ
Alors, pour que notre concertiste en difficulté ne s’inquiète pas, rappelons-lui qu’il est toujours possible de progresser… un peu, avec beaucoup de travail.
Le bal est fini. Le cœur encore auréolé des volutes de sa dernière valse, une jeune-fille retrouve dans la solitude de sa chambre les émois de son inoubliable soirée. Elle s’endort dans un fauteuil. Le parfum léger de la rose qu’un galant cavalier lui a offerte berce son premier sommeil.
Pendant que doucement se fane la fleur tombée à ses pieds, elle rêve :
» Le spectre de la rose » subrepticement l’a rejointe ; tantôt il s’adresse à elle dans la douce langue du poète portée par la voix la plus belle, tantôt, à son chevet, danse une danse du paradis.
La voix la plus belle pour cette mélodie extraite des « Nuits d’été » de Berlioz, c’est assurément celle de Régine Crespin qui confère à ce cycle une part de merveilleux que peu de cantatrices ont su exprimer avec autant de naturel, de simplicité et de raffinement. Ses paroles, le spectre les puisent dans les vers du poème que Théophile Gautier a écrit pour lui.
Un délice !
Le spectre de la rose
Soulève ta paupière close Qu’effleure un songe virginal ; Je suis le spectre d’une rose Que tu portais hier au bal. Tu me pris encore emperlée Des pleurs d’argent de l’arrosoir, Et parmi la fête étoilée Tu me promenas tout le soir.
Ô toi qui de ma mort fus cause, Sans que tu puisses le chasser Toute la nuit mon spectre rose A ton chevet viendra danser. Mais ne crains rien, je ne réclame Ni messe, ni De Profundis ; Ce léger parfum est mon âme Et j’arrive du paradis.
Mon destin fut digne d’envie : Et pour avoir un sort si beau, Plus d’un aurait donné sa vie, Car j’ai ta gorge pour tombeau, Et sur l’albâtre où je repose Un poète avec un baiser Écrivit : « Ci-gît une rose Que tous les rois vont jalouser ».
Théophile Gautier (in « Comédie de la mort »)
&
Quand il choisit de danser au chevet de la belle endormie, « Le spectre de la rose » se pare des pétales de la fleur moribonde. Dès que s’enflamment les premiers accords de « L »invitation à la danse » – rondo pour piano de Carl Maria von Weber qu’Hector Berlioz orchestra en 1841 sous le nom de « L’invitation à la valse » – , le spectre tournoie et bondit autour de la rêveuse, tout attendri par sa beauté, lui fait faire quelques tours de valse entre ses bras, puis disparaît dans un saut stupéfiant… Jamais public, depuis le premier saut final du mythique Nijinski en 1911, n’a vu le spectre redescendre…
Au réveil, la jeune fille comprend, en voyant la rose sur le sol, que son doux rêve est terminé.
Un splendide pas de deux qui est « essentiellement unsolo pour l’homme », comme aimait à le préciser le critique anglais Richard Buckle.
La puissance et la grâce !
Dans l’impossibilité de faire un choix entre deux belles versions de ce ballet, le plus simple était de les proposer toutes les deux. Dans la même chorégraphie, celle de Mikhail Fokine, créée originellement pour la première représentation le 19 avril 1911 à l’Opéra de Monte-Carlo, par Tamara Karsavina et Vaslaw Nijinski. Et à partir du même livret de Jean-Louis Vaudoyer d’après le poème de Théophile Gautier.
Le voyage de printemps en Autriche ne peut pas commencer sans une visite délicieuse aux vertes vallées du Tyrol, où Reine nature, plus que partout ailleurs, se pare de ses plus beaux atours, tout neufs, pour enchanter ses admirateurs.
De tout là bas, au pied d’un sommet qui garde encore sur sa tête son chapeau blanc d’hiver, on entend le chant joyeux des bergers. C’est le » Hirtenchor « extrait de Rosamunde, musique de scène d’un autrichien de génie, Franz Schubert :
» Ici dans les champs avec des joues roses, Bergères, venez vite pour la danse ! Laissez vous envahir par l’enchantement du printemps. Amour et joie sont comme un éternel mois de Mai. «
Les chœurs, toujours calfeutrés dans les montagnes, ne peuvent apparaître sur la vidéo…
ƒ
Sans doute, pendant la saison, à Salzbourg, prendrons-nous le temps d’écouter, assis au soleil sur un banc du jardin Mirabell , île au milieu d’une mer de fleurs multicolores , » Le printemps « , un des quatuors que Mozart dédia à Haydn. Oui, nous achèterons nos billets pour une soirée Beethoven, au Festspielhaus, et sans doute quelque merveilleux pianiste y jouera sa cinquième sonate, » Le Printemps « … Et encore, et encore…
ƒƒ
Mais, évidemment, nous ne pourrons pas ne pas aller à Vienne.
Sur les bords du Danube, au fil du courant, nous verrons se prélasser toute l’histoire de notre Europe. Nous nous inviterons, au café Sacher à la table de Stefan Zweig pour qu’il nous raconte son » monde d’hier « où il aimait tant vivre. Après avoir admiré la maîtrise des écuyers de l’École Espagnole d’Équitation, nous demanderons à notre cocher de nous conduire au Musée Léopold ; là nous réfléchirons un instant à la vie et à la mort, le regard profondément enfoui dans les toiles de Kokoshka ou d’Egon Schiele. Et puis nous rentrerons à notre hôtel nous préparer pour le bal de la soirée, non sans avoir, au détour d’Augustinerstraße, adressé un salut discret à Franz Kafka qui passait par là.
Chacun de nos pas, dans cet écrin de tant de merveilles et de raffinement, sera rythmé par la musique des plus grands compositeurs, Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Mahler, Bruckner, et les modernes Schoenberg, Webern et Berg… Du sommet des clochers à la racine des myosotis, toute la ville résonne de leur génie.
Mais, quand on entre dans la danse à Vienne, c’est un nom, un seul nom qui vient aux lèvres : Strauss. La famille Strauss.
Alors faisons quelques pas de valse avec Johann II et avec l’extraordinaire et adorablissime Lucia Popp .
Vienne, capitale éternelle de la musique.
Wunderbar !
ƒƒƒ
Johann Strauss Monument in Stadt Park. Vienna, Austria. (Photo Wikipédia)
et dont je voudrais tant, une seule fois au moins, entendre les tripes gueuler les titres de ces deux airs célèbres :
« Glitter and be gay! » (Que ça brille et sois gaie!)
« Je veux vivre…! »
Pour Madeleine
à qui je souhaite fraternellement d’entrevoir – rêve désespéré – un instant seulement le chemin vers son « inaccessible étoile ».
ψ
Glitter and be gay! (Leonard Bernstein – Candide)
C’est un extrait de l’opérette de Léonard Bernstein, Candide, très inspirée du conte éponyme de Voltaire qui exprimait à travers lui, après le tremblement de terre de Lisbonne en 1755, son puissant refus de l’optimisme outré de son époque où fleurissaient à foison les catastrophes, les guerres et l’inquisition. (Le monde, jadis, était-il si différent du nôtre?)
Candide est chassé du château où il est hébergé, pour avoir imité avec Cunégonde, la fille du Baron, les jeux particuliers que pratiquaient son maître de philosophie, Pangloss, et la jeune servante de la baronne.
Après une série de péripéties tragiques, Candide retrouve Pangloss devenu misérable à cause de la maladie peu avouable qu’il a reçue de la jolie servante, et part avec lui à Paris. Il y retrouve Cunégonde qui est devenue à la fois la maitresse du Cardinal de Paris et celle d’un riche marchand juif.
Elle chante sa déchéance et sa fortune avec grâce et… humour :
Pas dans la boîte les diamants… Dans la voix!
La gaité? Dans la salle, partout!
C’est la partie que je joue
Ici, je suis à Paris, en France
Forcée de plier mon âme
A un rôle sordide
Victime d’amères, amères circonstances
Hélas pour moi, j’ai dû rester auprès de Madame ma mère
Ma vertu est resté sans tache
Jusqu’à ce que ma main de jeune fille soit prise par certains grand-ducs,
Ou autres
Ah, la vie n’était pas simple
La dure nécessité
M’a conduite dans cette cage dorée
J’étais vouée à des choses plus élevées
Ici, je replie mes ailes
En chantant ma peine
Rien ne peut l’apaiser
Et pourtant, bien sûr, j’aime assez me régaler, ha, ha!
Je n’ai aucune objection pour le champagne, ha, ha
Ma garde-robe est chère comme le diable, ha, ha
Peut-être que c’est ignoble de se plaindre?
Assez, assez,
De verser des larmes
Je vais vous montrer ma noble énergie
En étant lumineuse et agréable
Ha, Ha, Ha –
Perles et bagues de rubis
Ah, comment les choses du monde prennent la place de l’honneur perdu?
Sauraient-elles compenser ma déchéance par leur terrible prix
Bracelets, lavalieres, peuvent-ils sécher mes larmes?
Peuvent-ils aveugler mon regard de honte!
Le brillant des broches m’épargnera-t-il tout reproche?
Le plus pur diamant peut-il purifier mon nom?
Et pourtant, bien sûr, ces bijoux sont attachants, ha, ha!
Je suis si heureuse mon saphir est une étoile, ha, ha.
J’aime assez une boucle d’oreille de 20 carats, ha, ha!
Si je ne suis pas pure, au moins mes bijoux le sont
Assez, assez, je vais prendre ce collier de diamants
Et de montrer ma noble énergie
En étant gai et insouciante!
Ha, Ha, Ha!
Voyez comme bravement je cache la honte terrible qui est la mienne!
ψ
Je veux vivre…! (La valse de Juliette in « Roméo et Juliette » de Gounod)
JULIETTE Ah! Je veux vivre Dans ce rêve qui m’enivre; Ce jour encore, Douce flamme, Je te garde dans mon âme Comme un trésor! Cette ivresse De jeunesse Ne dure, hélas! qu’un jour! Puis vient l’heure Où l’on pleure, Le cœur cède à l’amour, Et le bonheur fuit sans retour. Je veux vivre, etc Loin de l’hiver morose Laisse-moi sommeiller Et respirer la rose Avant de l’effeuiller. Ah! Douce flamme, Reste dans mon âme Comme un doux trésor Longtemps encore!
ψ
Pour Madeleine…
Pour nous tous,
les voeux de cette prière profane :
Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir Et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns. Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer Et d’oublier ce qu’il faut oublier, Je vous souhaite des passions, Je vous souhaite des silences, Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil Et des rires d’enfants, Je vous souhaite de résister à l’enlisement, A l’indifférence et aux vertus négatives de notre époque, Je vous souhaite d’être vous…
Il va y avoir 35 ans bientôt que Jacques Brel repose à Hiva Oa, à l’ombre des cocotiers des îles Marquises. Et « six pieds sous terre, on l’aime encore » ce « Jojo » là.
Qui n’a pas chanté, fredonné ou siffloté ses chansons? Qui n’a pas écouté en boucle ses 45 tours, relevé son col contre le vent du Nord sur un quai d’ « Amsterdam » ; « inventé des perles de pluie » pour qu’un amour « ne le quitte pas », dansé comme un fou une « valse à mille temps » avec une « Mathilde » revenue.
Quelle âme n’est-elle pas, 35 ans après, caressée encore par les doux alizés des « Marquises » venus?
Ils parlent de la mort comme tu parles d’un fruit Ils regardent la mer comme tu regardes un puits Les femmes sont lascives au soleil redouté Et s´il n´y a pas d´hiver, cela n´est pas l´été La pluie est traversière, elle bat de grain en grain Quelques vieux chevaux blancs qui fredonnent Gauguin Et par manque de brise, le temps s´immobilise Aux Marquises
Du soir, montent des feux et des points de silence Qui vont s´élargissant, et la lune s´avance Et la mer se déchire, infiniment brisée Par des rochers qui prirent des prénoms affolés Et puis, plus loin, des chiens, des chants de repentance Et quelques pas de deux et quelques pas de danse Et la nuit est soumise et l´alizé se brise Aux Marquises
Le rire est dans le cœur, le mot dans le regard Le cœur est voyageur, l´avenir est au hasard Et passent des cocotiers qui écrivent des chants d´amour Que les sœurs d´alentour ignorent d´ignorer Les pirogues s´en vont, les pirogues s´en viennent Et mes souvenirs deviennent ce que les vieux en font Veux-tu que je te dise : gémir n´est pas de mise Aux Marquises
Ω
Ce diaporama nécessite JavaScript.
Ω
Barbara (1930-1997) by JP Belz
Qui, comme Léonie, ce 9 octobre 1978, n’a pas senti cogner dans son cœur les battements de la pluie froide du Nord, scansion sinistre accompagnant une destinée qui s’épuise?
Qui, à « Nantes », à « Pantin » ou à « Göttingen », comme cette « Longue Dame brune », n’a pas trouvé pâlies les couleurs de Gauguin?
Cette « amoureuse » là qui chantonnait légère une « petite cantate » au bon vieux « temps du lilas » – Du temps de la rose offerte / Du temps des serments d’ amour / Du temps des toujours, toujours.
Il pleut sur l´île d´Hiva-Oa. Le vent, sur les longs arbres verts Jette des sables d´ocre mouillés. Il pleut sur un ciel de corail Comme une pluie venue du Nord Qui délave les ocres rouges Et les bleus-violets de Gauguin. Il pleut. Les Marquises sont devenues grises. Le Zéphir est un vent du Nord, Ce matin-là, Sur l´île qui sommeille encore.
Il a dû s´étonner, Gauguin, Quand ses femmes aux yeux de velours Ont pleuré des larmes de pluie Qui venaient de la mer du Nord. Il a dû s´étonner, Gauguin, Comme un grand danseur fatigué Avec ton regard de l´enfance.
Bonjour monsieur Gauguin. Faites-moi place. Je suis un voyageur lointain. J´arrive des brumes du Nord Et je viens dormir au soleil. Faites-moi place.
Tu sais, Ce n´est pas que tu sois parti Qui m´importe. D´ailleurs, tu n´es jamais parti. Ce n´est pas que tu ne chantes plus Qui m´importe. D´ailleurs, pour moi, tu chantes encore, Mais penser qu´un jour, Les vents que tu aimais Te devenaient contraire, Penser Que plus jamais Tu ne navigueras Ni le ciel ni la mer,
Plus jamais, en avril, Toucher le lilas blanc, Plus jamais voir le ciel Au-dessus du canal. Mais qui peut dire? Moi qui te connais bien, Je suis sûre qu’aujourd’hui Tu caresses les seins Des femmes de Gauguin Et qu´il peint Amsterdam. Vous regardez ensemble Se lever le soleil Au-dessus des lagunes Où galopent des chevaux blancs Et ton rire me parvient, En cascade, en torrent Et traverse la mer Et le ciel et les vents Et ta voix chante encore. Il a dû s´étonner, Gauguin, Quand ses femmes aux yeux de velours Ont pleuré des larmes de pluie Qui venaient de la mer du Nord. Il a dû s´étonner, Gauguin.
Souvent, je pense à toi Qui a longé les dunes Et traversé le Nord Pour aller dormir au soleil, Là-bas, sous un ciel de corail. C´était ta volonté. Sois bien. Dors bien. Souvent, je pense à toi.
Je signe Léonie. Toi, tu sais qui je suis, Dors bien.
Bien que la valse Opus 64 N°2 en Ut dièse mineur soit une des rares valses de Chopin à avoir vocation à la danse, ce n’est pas sur le parquet lisse et brillant que je vous invite. C’est plutôt à écouter, une fois encore, cette valse, mille fois entendue.
Comme les enfants qui chaque soir, pour s’endormir rassurés, demandent à entendre le même conte, écoutons, nous aussi, la même musique qui nous raconte l’histoire éternelle du poète. La fée sera Yuja Wang, dans sa belle robe rouge.
Elle joue sans pathos, sans emphase. La simplicité de son jeu fait chanter la musique qui ne demande rien d’autre. Les états d’âme du poète vont et viennent à travers la mélodie au rythme de ses humeurs, librement, tantôt partant chercher au loin un souvenir enfui, tantôt laissant gronder la passion de l’instant. Tout le récit est dans la nuance.
Il y a dans cette interprétation une pudeur et une fraîcheur qui pourraient volontiers ressembler à celles de notre cher compositeur, et qui se continuent dans les expressions discrètes du fin visage de Yuja.
•
Et puisqu’il était question initialement d’écoute et de ré-écoute, ne lâchons pas en chemin. Ré-écoutons cette valse… par la même pianiste… âgée d’une dizaine d’années. Vous trouverez les qualificatifs tout seuls…
Car le poète est un four à brûler le réel. De toutes les émotions brutes qu’il reçoit, il sort parfois un léger diamant d’une eau et d’un éclat incomparables. Voilà toute une vie comprimée dans quelques images et quelques phrases. Pierre Reverdy
L'oreille du taureau à la fenêtre De la maison sauvage où le soleil blessé Un soleil intérieur de terre Tentures du réveil les parois de la chambre Ont vaincu le sommeil Paul Eluard