Musiques à l’ombre – 3 – Hypnotique

Vient de paraître sur « De Braises et d’Ombre » :

Musiques à l’ombre – 3 – Hypnotique

Richesse des thèmes, variétés des climats, puissance tellurique montée des rudes contrées du nord, le Concerto en ré mineur de Jean Sibelius rassemble, en trois mouvements composés avec frénésie dans sa quarantième année, toute la passion qu’adolescent le maître finlandais nourrissait déjà pour l’instrument.

Hypnotique !

Jean Sibelius
Concerto pour violon en Ré mineur – Op. 47

Augustin Hadelich (Violon)
hr-Sinfonieorchester
Andrés Orozco-Estrada (Direction)

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Musiques à l’ombre – 2 – Huit voix de lumière

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Musiques à l’ombre – 2 – Huit voix de lumière

« D’une grande maîtrise formelle et d’une richesse thématique remarquable, jamais encore une œuvre de musique de chambre n’avait rayonné à ce point de jeunesse, de fougue et de passion. Plus que Mozart, Mendelssohn pouvait être considéré comme un enfant prodige, notamment dans le domaine de la musique de chambre, tant ses premiers essais étaient déjà d’une maturité insurpassable. »

Gil Pressnitzer – Esprits nomades – 2001 – « L’eau claire de la jeunesse »

Félix Mendelssohn

Octuor en mi bémol majeur – Opus 20

Janine Jansen (violon) et la fine fleur des jeunes chambristes du monde

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« Café 1930 »

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« Café 1930 »

Le tango nous offre à tous un passé imaginaire

Jorge Luis Borges

Chloe Chua (violon) & Kevin Loh (guitare)

Si jeunes et… si justes !

Deux jeunes musiciens d’exception prennent leur inspiration dans ce « passé imaginaire » pour offrir autant d’authenticité à cette page de « L’Histoire du Tango », écrite par Astor Piazzolla.

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Tango barocco

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Tango barocco

« Le Tango est foncièrement baroque : L’esprit classique avance droit devant lui, l’esprit baroque s’offre des détours malicieux, délicieux. Ce n’est pas qu’il veuille… »

Alicia Dujovne Ortiz

Alfia Bakieva, violon baroque et Leonhard Bartussek, violoncelle baroque

Quand le tango s’empare des sonorités de la corde baroque pour mieux donner à la sensualité de son expression le goût amer de la chair et de l’âme humaines lorsque la mort les caresse…

A travers la cadence de ta musique
Je palpe la cruauté vive du faubourg
Comme à travers un fourreau de soie,
La lame du poignard.

Fernán Silva Valdés (1887-1975)

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« Héros de Crémone »

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« Héros de Crémone »

« Si je prends un violon dans mes mains, je crois tenir une vie ».

« Le violon est le roi du chant. Il a tous les tons et une portée immense : de la joie à la douleur, de l’ivresse à la méditation, de la profonde gravité à la légèreté angélique, il parcourt tout l’espace du sentiment. L’allégresse sereine ne lui est… pas plus étrangère que la brûlante volupté… »

[…]

Extraits illustrés de « La page des violons » in « Voyage du Condottière » de André Suarès  — incontournable récit des voyages en Italie d’un esthète sensible et érudit, écrit au début du XXème siècle, dans une langue aussi belle que passionnée.

Edgar Bundy (1862-1922) – Antonio Stradivari. (détail)

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La nuit 22 – Transfiguration

Guidé par la lune un couple d’amants marche entre les arbres d’une forêt. La jeune femme avoue à son nouveau compagnon qu’elle porte l’enfant d’un autre à qui elle s’est abandonnée un soir de désespoir. Le jeune homme comprend, accepte, pardonne et demande enfin à être le père de cet enfant comme s’il en avait été lui-même le géniteur. La chaleur de la nuit transfigure l’enfant étranger. Le couple fusionne dans la pénombre.

C’est ce thème, romantique – Ô combien ! – inspiré d’un poème symboliste d’un de ses amis, qu’Arnold Schoenberg illustre dans le sextuor « La Nuit transfigurée » (« Verklärte Nacht« ).

Arnold Schoenberg (1874-1951) - Self  portrait 1911

Arnold Schoenberg (1874-1951) – Self portrait 1911

Mais, de grâce, que le nom d’Arnold Schoenberg ne soit pas, pour le fidèle lecteur de ces pages et l’auditeur curieux des musiques qu’elles proposent, prétexte à fuir trop vite dans une course inconsidérée vers d’autres univers musicaux supposés plus familiers. Car avec ce chef d’œuvre de la musique de chambre, Schoenberg, trop jeune encore pour s’en prendre ouvertement à notre légitime attachement à l’harmonie et à la mélodie, nous enveloppe dans le voluptueux et le soyeux des cordes que nous aimons, caressées dans le sens de la tonalité et toutes dédiées à l’évocation des images qu’elles sous-tendent.

« Verklärte Nacht » resplendit de toute la puissance de l’expressivité romantique.

Cette pièce, initialement écrite pour deux violons, deux altos et deux violoncelles, dont le compositeur écrira quelques années plus tard un arrangement pour orchestre à cordes qui magnifie la dramaturgie musicale de cette « nuit », demeure incontestablement la partition du maître qui aura laissé à sa postérité le plus séduisant souvenir. Il est vrai que l’instigateur de la « Seconde École de Vienne », fervent promoteur de la dissonance et père du dodécaphonisme sériel, n’a pas bénéficié – comme d’ailleurs ceux qui l’ont rejoint dans cette voie – de la meilleure grâce des auditeurs.  Et l’on ne peut, à l’évidence, pas dire que « Erwartung » ou « Le Pierrot lunaire » fassent l’objet constant des programmations de concerts, ou des sorties discographiques, loin s’en faut.

« La nuit transfigurée », n’a jamais cessé de conquérir le public, même si l’apparition de la dissonance affirme déjà la volonté naissante du compositeur de prendre ses distances avec la tradition romantique allemande du XIXème siècle. Mais le jeune Schoenberg – 25 ans à peine quand il écrit cette œuvre à l’heure où le XXème siécle frappe déjà à la porte – est encore très admiratif des maîtres qui l’ont précédé, Johannes Brahms et Richard Wagner, et il n’est pas surprenant que sa « nuit » laisse transparaître quelques similitudes avec « Tristan und Isolde », autant par le langage musical utilisé que par les choix thématiques, malgré les destinées diamétralement opposées des deux couples.

David Hockney - Tristan und Isolde-VI - 1987

David Hockney – Tristan und Isolde-VI – 1987

Dans la lente introduction en mi mineur, le couple marche au clair de lune. Avec l’aveu de la femme, la musique s’anime, exposant le thème principal empreint de drame et d’émotion ; la réaction de l’homme se fait attendre. Sa réponse s’exprime enfin : l’amour triomphe, le premier thème revient, en mode majeur désormais, signe de « transfiguration ». En forme d’hymne à la rédemption par l’amour, une longue coda termine l’œuvre.

Cette œuvre qui me paraît être un tout indissociable, devant être jouée dans un souffle romantique unique, ne peut, à mon sens, supporter de coupures et partant être présentée partiellement. J’ai donc choisi d’en partager ici une splendide version pour orchestre à cordes, in extenso, par le Norwegian Chamber Orchestra dirigé par Terje Tønnesen.

Un bien beau voyage romantique dans l’amour et dans la nuit, auquel nous invitent ces musiciens rencontrés au hasard d’une promenade musicale sur les fils de la toile. (On appréciera d’autant plus leur remarquable performance qu’ils jouent sans partition, pour mieux percevoir sans doute les moindres frémissements des lumineuses métamorphoses de cette « nuit »).

Un faubourg, un couteau, un tango… et Borges

Le tango pourvoyeur de souvenirs, nous forge
Un passé presque vrai. Dans ce faubourg perdu
C’est moi qu’on a trouvé sur le sol étendu,
Un couteau dans la main, un couteau dans la gorge.
J. L. Borges, Le tango.

Tango rueEt, même après la rudesse de cette belle et juste vision, n’aurait-t-on pas la tentation, au risque de choquer,  de détourner vers le tango quelques uns des propos que Gide notaient sur la musique de Chopin, et de dire de cette musique mythique des faubourgs de Buenos-Aires telle qu’elle est servie par Astor Piazzola, son Maître absolu, qu’elle  » propose, suppose, insinue, séduit, persuade ; qu’elle n’affirme presque jamais. » ?
A quelle vérité, d’ailleurs, pourrait prétendre le reflet d’un souvenir nostalgique dans le miroir flou d’une larme ancienne ?
N’aurait-on pas encore l’envie d’aller chercher, comme Gide pour Chopin, ces vers exquis de Paul Valéry : « Est-il art plus tendre / Que cette lenteur ? »
Même si, comment l’ignorer, chacun sait que le couteau vengeur demeure toujours à portée de la main de l’ange aux cheveux noirs et qui conduit la danse.

Le temps d’un « Hiver à Buenos-Aires »Invierno Porteño –  pour s’en laisser persuader, et se laisser séduire, par des musiciens hollandais…

Et de belle manière !

Arrangement pour trio (Piano-Violon-Violoncelle) d’une des « Cuatro estaciones porteñas »
[Porteño : Habitant de Buenos-Aires, enfant d’émigrants, né en Argentine]

Et la voix de Valeria Munarriz pour entendre chanter ce que Borges dit au Tango :

 

ALGUIEN LE DICE AL TANGO

Tango que he visto bailar
contra un ocaso amarillo
por quienes eran capaces
de otro baile, el del cuchillo

Tango de aquel Maldonado
con menos agua que barro,
tango silbado al pasar
desde el pescante del carro.

Despreocupado y zafado,
siempre mirabas de frente.
Tango que fuiste la dicha
de ser hombre y ser valiente.

Tango que fuiste feliz,
como yo también lo he sido,
según me cuenta el recuerdo;
el recuerdo fue el olvido.

Desde ese ayer, ¡cuántas cosas
a los dos nos han pasado!
Las partidas y el pesar
de amar y no ser amado.

Yo habré muerto y seguirás
orillando nuestra vida.
Buenos Aires no te olvida,
tango que fuiste y serás.

QUELQU’UN DIT AU TANGO

Tango, toi que j’ai vu danser
Contre un long crépuscule jaune,
Par tous ceux qui étaient capables
De cette danse du couteau.

Tango venu de ce ruisseau, Maldonado,
Contenant plus de boue que d’eau,
Tango qu’on sifflait en passant
Depuis le siège du chariot.

Insouciant et effronté,
Tu regardais toujours en face,
Tango qui as été la joie
D’être homme et d’avoir de l’audace.

Tango qui as été heureux
Comme je l’ai été aussi,
C’est ce que dit mon souvenir ;
Le souvenir ce fut l’oubli….

Depuis ce passé que de choses
A tous deux nous sont arrivées !
Les départs avec les chagrins
D’aimer et n’être pas aimé.

Je serai mort, tu resteras
Coulant au bord de notre vie.
Pour Buenos-Aires pas d’oubli,
Tango tu fus et tu seras.

 

S’entendre…

Écouter pour entendre. S’écouter pour s’entendre. S’entendre et communier !

Il ne faut que quelques mesures à ces deux là pour nous en faire une démonstration des plus convaincantes. Dès lors, toute l’attention qu’ils capteront de nous ne sera qu’admiration, plaisir, délectation. De l’œuvre évidemment –  le Maître Beethoven n’est pas étranger à la chose – mais aussi, et sans l’ombre d’un doute, de l’accord parfait entre un violon et un piano qui s’observent respectueusement, se répondent avec la pertinence de la délicatesse et se rejoignent dans la lucidité de la nuance. Ils s’émeuvent l’un l’autre de leur dialogue dans lequel aucun d’eux, jamais, ne prétend imposer à son vis-à-vis la pertinence de son discours par la puissance de ses moyens. Communier dans la musique : une leçon de perfection !

Comme d’ailleurs la totalité de l’enregistrement des 10 sonates pour violon et piano de Beethoven qu’ont gravé il y a quelques mois Isabelle Faust et Alexander Melnikov, deux jeunes musiciens d’exception, deux formidables complices, qui rivalisent dans cette œuvre incontournable avec les plus mémorables duos de l’histoire, tels que Clara Haskil /Arthur Grumiaux, Martha Argerich / Gidon Kremer, Vladimir Ashkenazy / Itzak Perlman, ou encore le duo d’anthologie Pierre Barbizet / Christian Ferras, et les surpassent peut-être ici.

Smoking et robe de cérémonie sont restés au fond de la penderie. Un jean, une chemise, un pull, le silence intime et religieux d’un studio de travail et la musique, rien que la musique…

Beethoven : Sonate violon et piano  Op.12 – N°2

2éme mouvement : Andante, più tosto Allegretto

Isabelle Faust joue le Stradivarius de 1702  « Belle au bois dormant » 

Beethoven sonates violon

SALUT SALON

Non, maman, pas de violon aujourd’hui !… On va voir un film super drôle avec les copines.

Maman, s’te plaît, pas de cours de piano st’aprem, j’ai un match de foot !… C’est important!

Toujours la même rengaine, n’est ce pas ? Et chaque semaine…

Pourquoi ne pas essayer cette petite méthode ? Juste pour montrer que la musique c’est aussi la joie, le plaisir, l’amusement, la  » pêche  » quoi ! La  » frite « , la  » patate « , le  » pied « !

  1. Réunir la famille (Ne pas oublier de suspendre l’autorisation d’envoi de SMS pendant quelques minutes…)
  2. Monter le volume du son
  3. Afficher plein écran
  4. Se régaler… (On a le droit de recommencer plusieurs fois)
  5. Ne pas oublier de préciser aux futurs virtuoses que pour faire pareil… faut un peu bosser… Enfin… beaucoup !

Et ça marche aussi avec la voix, même pour chanter en finnois. Faudra juste compléter les cours de chant  par les cours de langues.

Remarque : La pianiste-accordéoniste n’est pas N.K.M.

Merci à mon ami Robert de m’avoir fait découvrir, ce matin, ce bien sympathique quatuor

 » SALUT SALON « 

 » Le nom du quatuor a été choisi à l’occasion du 90e anniversaire du Salon Littéraire et Musical de Hamburg-Eppendorf ; il évoque aussi l’oeuvre connue de Edward Elgar,  » Salut d’Amour « , un des premiers morceaux de bravoure du quatuor. L’expression suggère de plus la convivialité, le brio et l’élégante désinvolture des quatre musiciennes. » (Wikipédia)

La nuit 15 – Songe et mensonge

Parfois, dans le trouble embrumé du réveil, les mots se dérobent. Comment dire alors les images du rêve désormais évanoui qui s’affichent, furtives, par à-coups, et qui voudraient encore laisser croire à la douce réalité d’un bonheur, éphémère, dissout dans la nuit passagère qui l’avait créé ?

Seule la musique, dans la quête élégiaque d’un violon, peut raconter le rêve et les émois illusoires façonnés par le songe.

– Cours ! Cours jeune fille à travers la nuit ! Vois comme elle t’a menti !

Gabriel Fauré :  » Après un rêve « – Janine Jansen (violon) & Itamar Golan (piano)

Parfois les mots d’un poète inconnu spontanément s’unissent et se combinent pour raconter l’illusion brisée par le jour revenu.

La mélodie demeure…

Après le rêve, quelle plus belle voix et quelle plus belle diction que celles de Régine Crespin pour le continuer ?

Dans un sommeil que charmait ton image
Je rêvais le bonheur, ardent mirage,
Tes yeux étaient plus doux, ta voix pure et sonore,
Tu rayonnais comme un ciel éclairé par l’aurore ;

Tu m’appelais et je quittais la terre
Pour m’enfuir avec toi vers la lumière,
Les cieux pour nous entr’ouvraient leurs nues,
Splendeurs inconnues, lueurs divines entrevues,

Hélas! Hélas! triste réveil des songes
Je t’appelle, ô nuit, rends moi tes mensonges,
Reviens, reviens radieuse,
Reviens ô nuit mystérieuse!

Poème anonyme italien, adapté par Romain Bussine (1830-1899)

ℑℑℑ