« Son regard ne voit pas l’aumône qu’il implore. »
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L’aveugle
Sa jeunesse jadis a vu naître l’aurore
Dans le ciel matinal et sur les calmes eaux,
Et le soleil, de ses rayons horizontaux,
Teindre de mille feux les ondes du BosphoreMaintenant, devant lui, la foule au pas sonore
Passe invisiblement sans hâte ni repos,
Et ses yeux, sur le monde, à jamais se sont clos.
Son regard ne voit pas l’aumône qu’il implore.Sur le grand pont qui joint Stamboul à Galata,
Pareil au Souvenir, chaque jour, il est là.
Si la ville, là-bas, est d’or ou d’hyacinthe,Qu’importe ! Un rêve ardent remplit sa cécité
Car il conserve encor, vivante en sa beauté,
Constantinople au fond de sa prunelle éteinte !(1908)