« Je vous ai recommandé la dignité du scepticisme : voilà que je rôde autour de l’Absolu. Technique de la contradiction ? Rappelez-vous plutôt le mot de Flaubert : « Je suis un mystique et je ne crois en rien ». »
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« L’écriture est le lieu du miracle », relevait, je ne sais plus où, Christian Bobin, très inspiré par la spiritualité chrétienne, et dont la plume fait la plus grande joie de l’homme de peu de foi que je suis.
– Seulement l’écriture ? aurais-je envie de respectueusement lui répondre… sauf, alors, peut-être, à mettre une majuscule à « Écriture » !
… Et je l’inviterais, en ce jour de l’Assomption, à partager avec nous les émotions que soulève en nos diverses sensibilités, religieuses ou profanes, chaque volet de ce triptyque composé, pour la circonstance, de quelques-uns des innombrables « miracles artistiques » nés de l’admiration suscitée par Marie, mère de Jésus-Christ.
Au centre :
Un récit multiforme depuis le Calvaire
[…]Elle est debout sur le Calvaire
Pleine de larmes et sans cris.
C’est également une mère.
Mais quelle mère de quel fils !
Elle participe au Supplice
Qui sauve toute nation,
Attendrissant le sacrifice
Par sa vaste compassion.
Et comme tous sont les fils d’elle,
Sur le monde et sur sa langueur
Toute la charité ruisselle
Des sept blessures de son cœur,Au jour qu’il faudra, pour la gloire
Des cieux enfin tout grands ouverts,
Ceux qui surent et purent croire,
Bons et doux, sauf au seul Pervers,Ceux-là vers la joie infinie
Sur la colline de Sion
Monteront d’une aile bénie
Aux plis de son assomption.
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1. Stała Matka bolejąca (Stabat Mater dolorosa)
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D’un côté :
Un hommage « chuchoté sous l’arceau »
« Aimez l’amour qui parle avec la lenteur basse
« Des Ave Maria chuchotés sous l’arceau ;
« C’est lui que vous priez quand votre tête est lasse,
« Lui dont la voix vous rend le rythme du berceau. »
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De l’autre :
Une visite, émue et émouvante, à midi
Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.Je n’ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là.Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête.
Midi !
Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.Ne rien dire, regarder votre visage,
Laisser le cœur chanter dans son propre langage,Ne rien dire, mais seulement chanter parce qu’on a le cœur trop plein,
Comme le merle qui suit son idée en ces espèces de couplets soudains.Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
La femme dans la Grâce enfin restituée,La créature dans son honneur premier et dans son épanouissement final,
Telle qu’elle est sortie de Dieu au matin de sa splendeur originale.Intacte ineffablement parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance et le seul fruit.Parce que vous êtes la femme, l’Éden de l’ancienne tendresse oubliée,
Dont le regard trouve le cœur tout à coup et fait jaillir les larmes accumulées,Parce que vous m’avez sauvé, parce que vous avez sauvé la France,
Parce qu’elle aussi, comme moi, pour vous fut cette chose à laquelle on pense,Parce qu’à l’heure où tout craquait, c’est alors que vous êtes intervenue,
Parce que vous avez sauvé la France une fois de plus,Parce qu’il est midi, parce que nous sommes en ce jour d’aujourd’hui,
Parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que vous êtes Marie, simplement parce que vous existez,Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !
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