Noires, du mystère qui les nimbent Noires, des humus fertiles qu’elles exhalent Noires, de l’ébène du sculpteur Noires, de la suie des cierges qui l’implorent Noires, de l’ombre des cryptes orientales Noires, comme le sein d’Isis Noires, couleur de l’homme sans Livre Noires, comme un Nom avant le baptême J’aime ces vierges qui ne le seraient plus, Mères éternelles d’un enfant sans gloire encor’ Et qui, assises sur leurs trônes, Gardent toujours les pieds dans un siècle païen.
Vierge noire – Rocamadour
Sainte Vierge, priez pour nous,
Vierge, Reine et Patronne, priez pour nous,
Vierge que Zachée le publicain nous a fait connaître et aimer,
Vierge à qui Zachée ou Saint Amadour
Éleva ce sanctuaire, priez pour nous…
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Mais quand la mère voit son fils bien-aimé, seul et abandonné de tous, expirer dans un grand cri (Vidit suum dulcem natum moriendo desolatum dum emisit spiritum), elle n’aspire plus qu’à le rejoindre.
Le » Rêve infini « devient » Divine extase » lorsque Massenet l’accompagne au Royaume des Cieux :
30 janvier 1963 : Crise cardiaque au 5 rue de Médicis à Paris – Francis Poulenc, 64 ans, est mort! La Musique est en deuil.
30 janvier 2013 : Cinquantième anniversaire de sa disparition. Formidable occasion de faire vibrer les tympans et les cœurs de ceux qui le connaissent peu ou qui ont laissé la poussière recouvrir les enregistrements de ses œuvres.
Ici pas de biographie du pianiste-compositeur, pas plus de catalogue de ses œuvres, les navigations internautiques conduisent vers de brillants exposés, savants et fort bien documentés. Plus nombreux encore à l’occasion de cette année de célébration. – Un site de référence : poulenc.fr/
Juste le désir d’exprimer l’affectueuse sympathie que je ressens depuis toujours à l’égard de sa musique, si riche et si multiple, et d’exhorter à son écoute. Pour le plaisir ; pour la beauté. Musique de « moine » et musique de « voyou ». – Le qualificatif « moine ou voyou » qui va si bien à Poulenc, lui a été donné par un critique de l’époque pour souligner les deux aspects de son œuvre :
Musique de « voyou », pleine de fantaisie, de gaité et de provocation parfois, avec lesquelles cet amoureux de la voix et de la poésie assaisonne ses mélodies, ses nombreuses partitions pour le piano, ou sa musique de chambre. (« Humoresque » pour piano, sonates pour flûte, pour violon, pour clarinette, « Bal masqué », « Fiançailles pour rire », « Les mamelles de Tirésias » etc…).
Yvonne Printemps à la création des « Chemins de l’amour »
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Un exemple de musique – virtuose – pour le piano : Horowitz joue le « Presto » (sans images)
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Concerto pour orgue – 2ème mouvement – Allegro giocoso
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Musique de « moine », teintée d’une profonde spiritualité, témoignage de sa foi catholique qui inspire ses compositions de musique sacrée, comme ses « Gloria », « Salve Regina », « Stabat Mater » ou « Litanies à la Vierge noire ». Et le poignant « Dialogue des Carmélites » tiré de l’œuvre de Georges Bernanos.
« Stabat Mater » – VI (Vidit suum) – Kathleen Battle (soprano) – Seiji Osawa dirige le Boston Symphony Orchestra
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« Dialogue des Carmélites » Final – Production 1999 – Opéra du Rhin – Mise en scène : Marthe Keller
Splendide! ♥♥♥♥♥
Les religieuses condamnées par les autorités révolutionnaires montent à l’échafaud, une par une, Salve Regina aux lèvres. Ses sœurs exécutées, Blanche de la Force, entrée au Carmel pour chercher ses raisons d’exister, trouve enfin réponse à ses doutes et offre elle aussi son cou à la lame.
Mais toujours musique savante, éclectique, évoluant dans des univers aussi différents que passionnants. D’apparence parfois superficielle, elle révèle volontiers à l’auditeur attentif les trésors de ses profondeurs et les subtilités de ses charmes.
Quand j’évoque Francis Poulenc, je ne peux jamais résister au souvenir de cette anecdote que me racontait souvent un de mes très chers amis, aujourd’hui disparu depuis plus de dix ans. Etudiant au conservatoire de Paris, Jean-Claude travaillait la composition avec Nadia Boulanger (excusez du peu!). Un jour qu’il était au piano et jouait pour les oreilles expertes de son professeur, attendant ses inévitables observations, Jean-Claude sentit dans son dos que quelqu’un la rejoignait, et s’interrompit. Francis Poulenc, grand ami de Nadia Boulanger venait d’arriver et s’installait à ses côtés. Soucieux de laisser les deux musiciens à leur intimité, Jean-Claude était sur le point de se retirer, mais Nadia lui laissa juste le temps de saluer l’illustre visiteur et l’invita vivement à reprendre depuis le début l’ « Allegro de concert » de Granados qu’il interprétait avant l’interruption. Sueurs froides! Jouer devant Nadia Boulanger, soit, c’était le professeur, mais devant Poulenc… l’affaire n’était pas si simple.
Je retrouvais chaque fois dans son récit, des dizaines d’années après l’évènement, la terrible émotion qui avait dû être la sienne à l’époque, et qu’il n’est pas difficile d’imaginer. Ses doigts, je crois, réussirent à ne pas trop écorcher Granados, tant bien que mal. Cette aventure ne menaça en rien son premier prix d’harmonie.
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Ils parlent de Francis Poulenc…
Simon Basinger (« Cahiers Francis Poulenc ») & Marc Korovitch (Chef d’orchestre)
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Paavo Jarvi – Directeur musical de l’Orchestre de Paris
Car le poète est un four à brûler le réel. De toutes les émotions brutes qu’il reçoit, il sort parfois un léger diamant d’une eau et d’un éclat incomparables. Voilà toute une vie comprimée dans quelques images et quelques phrases. Pierre Reverdy
L'oreille du taureau à la fenêtre De la maison sauvage où le soleil blessé Un soleil intérieur de terre Tentures du réveil les parois de la chambre Ont vaincu le sommeil Paul Eluard