Quand une des plus grandes sopranos classiques d’aujourd’hui met avec douceur toute la chaleur suave et élégante de son registre mezzo au service d’une mélodie populaire jazzy des U.S.A. des années 1940, revisitée par le très talentueux Alexandre Desplat…
Cette vidéo, bande son officielle du film « fantastique » et « romantique » de Guillermo del Toro, « The Shape of Water » est un délice à consommer comme une friandise de Noël !
» It might as well be spring » (Ça pourrait bien être le printemps)
C’est ce que se dit, un peu désabusée, la jolie Jeanne Crain, ravissante héroïne de la comédie musicale » State fair « (La foire aux illusions) de Walter Lang en 1945.
Même si l’âme est un peu grise, la mélodie, composée pour le film par Rodgers et Hammerstein II, berce la langueur mélancolique de ce beau visage avec tant de douceur que son tourment amoureux nous en devient un plaisir.
Plaisir partagé par beaucoup à la sortie du film, puisque le musicien et le parolier reçurent l’Academy Award de la meilleure musique, cette année là.
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Jean Sablon a fait une adaptation de cette chanson en français dans les années 1960. Mais puisqu’il s’agit du printemps américain, mieux vaut laisser une américaine la chanter dans le style jazzy du Greenwitch Village de l’époque… et en français, of course !
Ô mes amis, c’est le printemps !
Agitée comme un roseau dans la tourmente Tout m’énerve et tout m’irrite en ce moment Le monde me désenchante Par ce beau jour de printemps
Fatiguée, désabusée et sans courage Impatiente je ne sais plus ce qui m’attend Je sens arriver l’orage Par ce beau jour de printemps
Je voudrais me sentir loin d’ici Fuir la vie de chaque jour Et peut-être en m’évadant ainsi Y trouverais-je l’amour
Les bourgeons des marronniers De mon enfance La jacinthe, l’aubépine et les lilas blancs En vain me chantent leur romance
Douterais-je du printemps? Tout est si joyeux Pourtant je suis malheureuse D’où me vient tout ce tourment?
Car le poète est un four à brûler le réel. De toutes les émotions brutes qu’il reçoit, il sort parfois un léger diamant d’une eau et d’un éclat incomparables. Voilà toute une vie comprimée dans quelques images et quelques phrases. Pierre Reverdy
L'oreille du taureau à la fenêtre De la maison sauvage où le soleil blessé Un soleil intérieur de terre Tentures du réveil les parois de la chambre Ont vaincu le sommeil Paul Eluard