« A Satan reviennent toujours les chants les plus beaux. » (Dicton)
Sont-elles nombreuses, et polymorphes souvent, les silhouettes du Docteur Faust qui ont depuis le XVIème siècle, traversé la culture populaire, la littérature et, étonnamment, la musique, jusqu’à apparaître dans nos miroirs d’aujourd’hui comme notre propre reflet, peut-être le plus…
Si, minuscule moucheron de nuit tournoyant autour du feu qui sans cesse garde au clapot le chaudron, nous nous glissions prudemment entre les pages gluantes de l’effrayant agenda de notre sorcière, nous constaterions que la nuit du 30 avril au 1er mai de chaque année est soulignée en rouge avec le sang d’un gros rat, pour ne surtout pas oublier…
Ne pas oublier l’immanquable rendez-vous des sorcières, des diablesses et des faunes pour le sulfureux sabbat qui célèbre la mort de l’hiver :
laNuit de Walpurgis.
Comment les mystères de la nuit, de cette Nuit magique, éloigneraient-ils le regard curieux de l’artiste ?
Tapi derrière un buisson il ne céderait à personne son incomparable point de vue, loge ouverte sur les rêves les plus fous qui font danser leurs ailes dans le vacarme des bûchers. Et qui chercherait à le lui ravir, trop heureux de recevoir en retour les vers qu’il en rapportera, les dessins, les musiques et les danses qui les évoqueront ?
Merci Joan Wolfgang von Goethe, Grand maître Sorcier, pour votreFaust sans qui nous n’aurions sans doute pas hérité de toutes les merveilles de cette Nuit de Sainte Walbuge !
Héritage en poésie :
Merci au faune Paul Verlaine!
Nuit du Walpurgis classique
C’est plutôt le sabbat du second Faust que l’autre. Un rythmique sabbat, rythmique, extrêmement Rythmique. – Imaginez un jardin de Lenôtre, Correct, ridicule et charmant.
Des ronds-points ; au milieu, des jets d’eau ; des allées Toutes droites ; sylvains de marbre ; dieux marins De bronze ; çà et là, des Vénus étalées ; Des quinconces, des boulingrins ;
Des châtaigniers ; des plants de fleurs formant la dune ; Ici, des rosiers nains qu’un goût docte effila ; Plus loin, des ifs taillés en triangles. La lune D’un soir d’été sur tout cela.
Minuit sonne, et réveille au fond du parc aulique Un air mélancolique, un sourd, lent et doux air De chasse : tel, doux, lent, sourd et mélancolique, L’air de chasse de Tannhäuser.
Des chants voilés de cors lointains où la tendresse Des sens étreint l’effroi de l’âme en des accords Harmonieusement dissonants dans l’ivresse ; Et voici qu’à l’appel des cors
S’entrelacent soudain des formes toutes blanches, Diaphanes, et que le clair de lune fait Opalines parmi l’ombre verte des branches, – Un Watteau rêvé par Raffet ! –
S’entrelacent parmi l’ombre verte des arbres D’un geste alangui, plein d’un désespoir profond ; Puis, autour des massifs, des bronzes et des marbres, Très lentement dansent en rond.
– Ces spectres agités, sont-ce donc la pensée Du poète ivre, ou son regret, ou son remords, Ces spectres agités en tourbe cadencée, Ou bien tout simplement des morts ?
Sont-ce donc ton remords, ô rêvasseur qu’invite L’horreur, ou ton regret, ou ta pensée, – hein ? – tous Ces spectres qu’un vertige irrésistible agite, Ou bien des morts qui seraient fous ?
N’importe ! ils vont toujours, les fébriles fantômes, Menant leur ronde vaste et morne et tressautant Comme dans un rayon de soleil des atomes, Et s’évaporant à l’instant
Humide et blême où l’aube éteint l’un après l’autre Les cors, en sorte qu’il ne reste absolument Plus rien – absolument – qu’un jardin de Lenôtre, Correct, ridicule et charmant.
Paul Verlaine (Poèmes saturniens)
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Héritage de la Danse :
Merci Maya Plisetskaya, ensorceleuse ! Merci magicien Charles Gounod !
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Héritage en musique :
Merci Félix Mendelssohn, grand enchanteur !
Orchestre symphonique et Chœur de la Télévision espagnole – Direction Antoni Ros-Marbà
« Corps épouvantables et ensorcelés « Loups garous et diablesses « Quel vacarme épouvantable ! « Vois, là flamboient, là passent les forces du Mal ! « Les vapeurs d’un brouet infernal « Montent de la terre et nous enveloppent. »
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Regards sur la nuit de Walpurgis :
Un clic sur une photo ouvre la galerie
Johannes Praëtorius – Sabbat des sorcières 1638
Inconnu
Hermann Hendrich – Danse des sorcières2
Hermann Hendrich – Bal des sorcières
Hans Baldung – XVIème – Deux sorcières
Hans Baldung – Sorcières – Gravure 1508
Kreling – Walpurgisnacht
Constantin Nepo – 1915-1976 – Walpurgisnacht
Albert Welti – Nuit de Walpurgis 1896
Anonyme – Sabbat de sorcières – gravure 1909
Franz Simm – Walpurgisnacht (illustration du Faust de Goethe)
Il y a de nombreuses années – je n’avais pas encore obtenu mes galons de « Web-navigator » -, j’avais découvert avec plaisir, lors d’une traversée tourmentée de la « toile », le texte de cette petite poésie humoristique juste signée des initiales JLW. N’ayant pu retrouver son auteur, je m’octroyais la liberté de l’enregistrer à destination de mes amis.
Si cette publication permettait à l’auteur de se faire connaître, j’en serais ravi.
« Si le feu brûlait ma maison, qu’emporterais-je ? J’aimerais emporter le feu… »Jean Cocteau (« Clair-obscur »)
« Enfer chrétien, du feu. Enfer païen, du feu. Enfer mahométan, du feu. Enfer hindou, des flammes. A en croire les religions, Dieu est né rôtisseur. » Victor Hugo (« Choses vues »)
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En cliquant sur la photo on remonte vers son auteur.
Car le poète est un four à brûler le réel. De toutes les émotions brutes qu’il reçoit, il sort parfois un léger diamant d’une eau et d’un éclat incomparables. Voilà toute une vie comprimée dans quelques images et quelques phrases. Pierre Reverdy
L'oreille du taureau à la fenêtre De la maison sauvage où le soleil blessé Un soleil intérieur de terre Tentures du réveil les parois de la chambre Ont vaincu le sommeil Paul Eluard