Vient de paraître sur « De braises et d’ombre » :
Toqué de toccata /9 – I – Madones des sommiers
Entre Renaissance et époque baroque, la toccata se construit et se répand à travers l’Europe, portée par la séduction que ne manque pas de provoquer la liberté d’expression musicale dont elle est le vecteur. De Claudio Merulo à Dietrich Buxtehude, elle ne cesse de solliciter l’esprit d’invention et d’improvisation des clavecinistes et des organistes, jusqu’à se constituer en véritable école de style : le « stylus phantasticus ».
De retour d’un voyage à Lübeck auprès de cet immense organiste qu’il admire, Dietrich Buxtehude, le jeune Jean-Sébastien Bach, va, lui aussi s’approprier cet art de l’invention et de l’improvisation consubstantiel à la toccata, pour le conduire à son plus haut sommet, à travers ses compositions pour orgue. Dont, évidemment, la célébrissime « Toccata et fugue en Ré mineur » que toute évocation de la toccata se doit de citer.
Ses toccatas feront des émules de grand talent à la fin du XIXème siècle, ainsi Charles-Marie Widor dont le dernier mouvement, « toccata », de sa « Symphonie pour orgue N°5 », connaîtra à lui seul un succès si vif qu’il finira par estomper un peu trop le reste de son œuvre magistrale.
De Bach ou de Widor, ces deux toccatas sont incontestablement les plus appréciées et les plus jouées dans le monde.
L’enthousiasme qu’elles ne manquent jamais de provoquer dans les églises, sous les buffets, ne vaut-il pas que dans un sourire admiratif je les baptise…
… « madones des sommiers » ?